La Turquie met fin à son incursion contre le PKK et se réserve la possibilité d’y retourner

La vaste offensive de l’armée turque visant les terroristes du "Parti des travailleurs du Kurdistan" (PKK) dans le nord de Irak s’est achevée et les unités qui y étaient engagées ont regagné vendredi leurs bases, a annoncé l’état-major turc, se réservant la possibilité d’y retourner si besoin est.
Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a appelé Bagdad à coopérer avec Ankara pour chasser le PKK du nord de l’Irak, et il a exhorté les terroristes kurdes à déposer les armes.
"Il a été conclu que l’opération avait atteint ses objectifs et nos troupes ont regagné leurs bases dans le pays (...) le 29 février au matin", indique un communiqué mis en ligne par l’état-major de l’armée turque.
"Cette décision est indépendante d’une quelconque influence étrangère", souligne l’armée. La veille, les Etats-Unis avaient invité la Turquie, pays membre de l’Otan, à mettre un terme rapide à cette opération.
Le président américain George W. Bush et son secrétaire à la Défense Robert Gates, qui s’est rendu brièvement à Ankara, avaient appelé les Turcs à quitter l’Irak "le plus vite possible".
La Maison Blanche a qualifié vendredi de "ciblée et relativement courte" l’offensive turque et a averti que le PKK pourrait être la cible de nouvelles attaques.
"Une chose reste certaine, c’est que les Etats-Unis, la Turquie et l’Irak vont continuer à considérer le PKK comme une organisation terroriste dont on a besoin de s’occuper", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche Gordon Johndroe.
Le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari avait indiqué auparavant que l’incursion turque était terminée. "La Turquie a mis fin à son opération militaire ce matin et a commencé à retirer ses troupes", a déclaré le ministre à l’AFP.
L’armée turque a déclaré qu’au moins 240 activistes du PKK ont été abattus en huit jours d’offensive. Côté turc, 27 personnes ont été tuées.
"Les activités des terroristes dans le nord de l’Irak seront suivies de près et aucune menace depuis ce territoire contre la Turquie ne sera tolérée", précise le texte qui dit : "La lutte anti-terroriste dans le pays et à l’étranger sera poursuivie avec détermination".
Un photographe de l’AFP à Cukurca, petite ville stratégique turque située à quelques kilomètres de la frontière irakienne, a constaté le retour de mission périlleuse en plein hiver des troupes.
Les convois militaires turcs rentrant en Turquie se poursuivaient en début de soirée.
L’armée turque indique aussi que cette incursion, lancée le 21 février au soir, "ne va pas mettre l’organisation terroriste (PKK) entièrement hors d’état de nuire", mais a montré que "la zone n’était plus un sanctuaire pour les terroristes".
Au total 272 cibles ont été pilonnées par air et 517 autres ont été attaquées par terre lors de l’offensive qui visait surtout la région de Zap, où se trouvait une importante base du PKK.
La Turquie estimait, avant cette opération, à 4.000 le nombre de rebelles retranchés dans les montagnes enneigées du nord de l’Irak.
Le PKK, qui réclame l’autonomie de la région du sud-est de la Turquie, mène depuis 1984 des attentats contre les Turcs.
Dans une allocution télévisée à la nation turque diffusée quelques heures après l’annonce de la fin de l’opération turque, M. Erdogan a appelé les autorités de Bagdad à la coopération.
"Nous ne devons pas laisser la présence de l’organisation terroriste dans cette région empoisonner nos relations", a déclaré le Premier ministre. Le PKK "n’est pas seulement l’ennemi de la Turquie, mais aussi un ennemi de l’Irak, un facteur de déstabilisation et une menace pour la région", a-t-il dit.
"La Turquie et l’Irak doivent travailler ensemble pour se débarrasser de ce problème, il n’y a pas d’autre voie", a-t-il déclaré.
Le Premier ministre a appelé les terroristes du PKK à renoncer à la lutte armée. "On ne peut arriver nulle part par la voie de la terreur. Vous ne pouvez rien obtenir de cette manière (...) Abandonnez cette voie erronée (...)", a déclaré M. Erdogan.
Le PKK est considérée comme une organisation terroriste par la communauté internationale. Les attentats de l’organisation séparatiste ont causé la mort de plus de 37.000 personnes depuis 1984, début des attentats du groupe terroriste qui vise à instaurer un Etat indépendant kurde dans le sud-est de la Turquie.
Avec AFP, photos Mustafa Özer.