"Il est inutile de perpétuer ceci avec des sentiments de rancune après cent ans", a déclaré à la presse Bedros Sirinoglu après une rencontre avec le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.
"Au cours des événements de 1915, la discorde a été semée entre deux proches amis (...) et malheureusement la querelle s’est mal terminée (...). Il y a eu des pertes des deux côtés", a-t-il dit.
"Il est inutile de penser sans cesse à cela (...). Beaucoup d’incidents de ce type sont arrivés dans le monde (...), mais le dossier a été clos. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi celui-là n’est pas clos". M. Sirinoglu a précisé qu’il avait perdu un grand-père dans les massacres des Arméniens, mais qu’il ne les qualifiait pas personnellement de "génocide."
La Turquie a demandé à Washington de bloquer une résolution qualifiant de "génocide" les massacres d’Arméniens sous l’Empire ottoman, votée début mars par une commission de la chambre des Représentants, avertissant que le texte allait nuire aux efforts turcs de réconciliation avec l’Arménie.
Le Parlement suédois a adopté le 11 mars une motion affirmant que "la Suède reconnaît le génocide de 1915 contre les Arméniens, les Assyriens, Syriaques et Chaldéens et les Grecs pontiques", en l’occurrence toutes les minorités chrétiennes vivant sur le territoire ottoman de l’époque.
Ankara et Erevan ont signé en octobre deux protocoles visant à une normalisation, mais leur ratification par les deux Parlements tarde. Cet accord vise à établir des relations diplomatiques et à ouvrir la frontière.
M. Sirinoglu reste optimiste et pense que les deux pays iront de l’avant : "J’espère que la Turquie et l’Arménie apprendront toutes deux une leçon du passé, ne répéteront pas les mêmes erreurs et que le travail sera terminé rapidement".
Les massacres et déportations d’Arméniens dans l’Empire ottoman sont controversés. Ils ont fait jusqu’à 1,5 million de morts selon les Arméniens, et de 250.000 à 500.000 selon la Turquie, qui récuse la notion de "génocide" reconnue notamment par Paris, Ottawa et le Parlement européen.
Avec AFP