La stratégie de guerre civile du Dachnack
Il importe de bien écouter ce qu’a dit Mourad Papazian, Président du Dachnack pour l’Europe occidentale, en présence d’officiels français lors de l’inauguration à Marseille d’un monument dont on nous dit qu’il a été payé uniquement par des fonds publics :
« Chers compatriotes, contre la Turquie, nous allons continuer à nous organiser. Nous organiser pour mieux nous mobiliser. Nous mobiliser pour mieux atteindre nos objectifs. Mieux atteindre nos objectifs pour gagner. Non seulement pour la reconnaissance du génocide, mais aussi pour l’édification d’une Arménie libre, indépendante et réunifiée pour que tous ensemble, nous puissions reprendre possession de Van, Mouch, Kars, Sassoun, Bitlis et Erzeroum. »
Tel est le programme de guerre civile annoncé par Mourad Papazian
Mourad (Franck) PAPAZIAN décoré de la légion d’honneur
C’est la tradition : le 14 juillet est publié une liste des nouveaux bénéficiaires de la Légion d’honneur. Le cru 2024 réserve une surprise : Franck Mourad Papazian, coprésident du Conseil de Coordination des Associations Arméniennes de France (CCAF) va recevoir la plus prestigieuse décoration française des mains du Premier ministre Gabriel Attal.
Par Jean-Michel Brun pour Paris / La Gazette
Qu’est-ce qui pose un problème dans cette affaire ? Principalement que c’est justement au titre de coprésident du CCAF que Pazapzian est décoré, et non pour ses qualités d’hommes d’affaires. Or qui est Mourad Papazian ?
Militant actif de l’arménisation du Haut-Karabakh, il est l’un des lobbyistes arméniens les plus puissants de France. Au travers de ses 38 écoles de journalisme réparties dans tout le pays, il diffuse largement auprès des futurs journalistes le point de vue des séparatistes arméniens. Son récent rachat du Who’s who lui donne également l’opportunité de récompenser, par une présence dans l’emblématique annuaire, ceux qui soutiennent la « République d’Artsakh », un État imaginaire, reconnu par aucun pays, y compris l’Arménie.
À ce titre, il apparaît comme l’un des ennemis jurés du premier ministre arménien Nikol Pachinyan qui souhaite mettre un terme à la folie du Haut-Karabakh et renouer des relations normales avec ses voisins, l’Azerbaidjan et la Turquie. Papazian a même organisé une attaque (certes sans brutalité) du convoi de Nikol Pachinyan en visite en France le 1ᵉʳ juin 2021, ce qui lui avait valu une interdiction de séjour en Arménie de deux ans. Après la levée de cette interdiction, Papazian s’est entretenu avec l’opposant religieux Bagrat Serpazan pour renverser le gouvernement arménien.
Le 21 février, à l’occasion de la panthéonisation de Missak Manouchian, Papazian s’en est pris à Pachinyan en des termes peu amènes, notamment en le traitant d’« inculte », devant Emmanuel Macron qui a dû remettre le leader arménien à sa place.
Dans ces conditions, on peut se demander les raisons de cette remise de décoration.
Selon des sources proches des milieux arméniens, Mourad Papazian aurait été froissé que son ami Gabriel Attal ait remis la Légion d’honneur au Pasteur René Léonian, et pas lui. Le premier ministre a donc décidé, avant de quitter ses fonctions, de réparer cette « injustice ».
Les Nouvelles d’Arménie rapportent que la Légion d’honneur avait également été proposée à Ara Toranian, l’autre coprésident du CCAF et directeur de ce même journal, qui l’aurait refusé pour des raisons de « philosophie générale », ce qui ne l’a d’ailleurs pas empêché de recevoir une distinction de Serge Sarkissian (Serzh Sargsyan), ancien président d’Arménie. En réalité, selon des sources proches du cabinet du premier ministre, cette proposition n’aurait jamais été faite, en raison du passé judiciaire d’Ara Toranian, et de sa proximité, en 1983, avec l’ASALA, auteur de l’attentat d’Orly contre le comptoir de la compagnie aérienne Turkish Airlines, qui avait tué huit personnes.
Le choix de Frank Papazian a été celui du premier ministre seul, qui entretient actuellement des relations tendues avec le président français, en raison, notamment, de son opposition à la dissolution de l’Assemblée Nationale. Mais Emmanuel Macron a tout de même signé l’octroi de médaille à Papazian, ce qui pourrait être considéré comme un camouflet au gouvernement arménien. Il est probable que Macron a voulu donner un signal positif à la communauté arménienne dont il pourrait un jour redemander le soutien lors d’un éventuel retour aux urnes dans les années à venir.
Il s’agit peut-être là d’un mauvais calcul. En effet, le soutien indéfectible de la communauté arménienne aux éléments les plus radicaux de la diaspora est une illusion. Ainsi que le rapporte le magazine Armenie Info, « les deux députés de la majorité avec Macron qui ont accompagné Mourad Papazian lors de son retour en Arménie ont été battus lors des dernières élections législatives, dans des fiefs où vivent de nombreux Arméniens comme à Décines ou à Beaumont (en région lyonnaise et marseillaise), ce qui devrait être perçu comme un signal fort de la diaspora arménienne de France vis-à-vis du désaccord concernant cette question de la représentation non démocratique de la diaspora arménienne de France. Le gouvernement français ne peut nous imposer des représentants élus par personne ».
La puissance des outils médiatiques détenus par les deux responsables du CCAF, la présence de quelques mouvements spécialistes de l’agitation comme Charjoum, auteur d’une attaque contre l’ambassade d’Azerbaïdjan à Paris, très actifs sur les réseaux sociaux, ont pu faire croire aux politiques et au public que la communauté arménienne faisait bloc derrière les séparatistes du Karabakh, ce qui n’est pas exact. La communauté arménienne de France, intégrée depuis longtemps dans notre pays, n’aspire qu’à l’apaisement des esprits et à la paix durable dans la région du Caucase.
La remise de la Légion d’honneur à Frank Papazian apparaît donc comme une faute de l’État français, à la fois vis-à-vis de l’Azerbaïdjan et de la République d’Arménie… une de plus.