C’est donc sans mal que les Britanniques mobilisent les Arabes aux côtés des alliés pendant la Première Guerre mondiale, en échange de quelques promesses non tenues.
La Turquie d’Ataturk n’a jamais pardonné aux Arabes « leur trahison » et a tout fait pour s’en démarquer. La Turquie met en exergue son « caractère occidental » et tourne le dos à sa région. Jusqu’à 2002, les relations entre la Turquie et les pays arabes oscillent entre méfiance, tension politique et détente économique. Tandis que l’alliance stratégique scellée avec Israël en 1996 demeure un levier important de la politique étrangère turque.
Premier ministre depuis le 11 mars 2003, Recep Tayyip Erdogan initie un virage décisif de la politique turque fondée sur la normalisation des relations avec les pays voisins, récoltant au passage de substantiels dividendes économiques. L’alliance avec Israël n’est pas remise en question, mais elle est de plus en plus ébréchée.
Certes, la Turquie a tenté une médiation entre Israël et la Syrie, mais le comportement arrogant et guerrier d’Israël agace le gouvernement turc, qui ne mâche plus ses mots pour critiquer le « terrorisme d’État » d’Israël. L’assaut israélien sur la flottille humanitaire a été « la brindille qui a brisé le dos du chameau » : la réaction de la Turquie a été à la mesure de l’insulte. Elle a beau être l’alliée de l’Amérique et d’Israël, elle a donné la preuve éclatante qu’on peut être allié sans ramper aux pieds de ces deux États. Une jolie leçon assénée aux dirigeants arabes, sans légitimité démocratique, bien accrochés à leurs sièges et si éloignés des préoccupations de leurs peuples.
Source L’Humanité