Tout débute avec une prophétie, celle de Muhammet, le messager de l’islam qui annonce : « Bien sûr qu’un jour Constantinople sera conquise. Le commandant qui en fera la conquête est le meilleur des commandants et son armée est la meilleure des armées ».
4 siècles plus tard, les Turcs pénètrent en Anatolie, grâce à la victoire du sultan seldjoukide Alp Arslan contre l’empereur Romain IV Diogène lors de la bataille de Manzikert (« Malazgirt » en turc, ville au nord de Van en Turquie), en 1071.
Au 15ème siècle, les Turcs ottomans dominent la Thrace et les Balkans. Leur capitale est à Edirne (Andrinople). L’Empire ottoman est d’abord un empire européen. Progressivement, les Ottomans assoient leur hégémonie sur les beylicats turcs d’Anatolie dont les Karamanides.
Byzance qui incarne l’Empire romain d’Orient a perdu son lustre d’antan. Ses caisses sont vides et l’Occident, lui-même tiraillé par des rivalités internes, se désintéresse d’elle. En outre, les violentes querelles des Églises d’Orient et d’Occident empêchent l’acheminement d’aide aux Byzantins. Lucas Notaras, dernier grand amiral de la flotte byzantine aurait dit : « Mieux vaut le turban d’un sultan que la mitre d’un latin ».
Lorsque Mehmed II, succède à son père Mourad II, mort en février 1451, il est âgé de 21 ans. Ce jeune homme volontaire, pieux, autoritaire et courageux se fixe d’emblée comme objectif principal la prise de Constantinople. Incidemment, il est bon de savoir que le sultan Mehmed est le fils de Mourad et d’Olivera (appelée aussi Mara) une des filles du despote de Serbie, Stefan Lazarevic, que son mari a autorisée à conserver sa foi chrétienne. De ce fait, Mehmed qui est musulman, connaît les prières orthodoxes. Il parle grec et latin, et il est un lecteur admiratif des exploits d’Alexandre le Grand.
Le Sultan Mehmet II avant de lancer l’offensive prend soin de fermer le Bosphore en construisant la forteresse, Rumeli Hisarı. Les canons du sultan surveillent le détroit. Mehmet II a la sagesse et la clairvoyance de faire appel à la science pour mener à bien sa conquête. Ainsi, il sollicite un dénommé Urban, fondeur de canons d’origine hongroise, qui va créer des canons de dimensions extraordinaires pour l’époque au bénéfice des Turcs.
Le 6 avril est un vendredi, jour de prière pour les musulmans. Mehmed II fait le tour des murailles avec sa suite et s’installe en face de la porte Saint Romain. Puis après la prière, le sultan déclare « Que le siège commence ! ».
Le siège, très long, dure près de 2 mois et chaque camp se bat avec courage et détermination. Les combats font 4.000 morts. Au final, les Turcs effondrent les grosses murailles de la ville et la prennent le 29 mai 1453. La dernière Rome, vieille de 1125 ans, est tombée. L’Empire romain d’Orient n’est plus.
Mehmet II qui gagne à cette occasion l’épithète : « Fatih » (le Conquérant) fait sa prière du midi dans la Basilique Sainte-Sophie, qui marque sa transformation en mosquée.
La ville est baptisée Istanbul et devient la capitale de l’Empire ottoman dont l’apogée sera atteint sous le règne de Soliman le Magnifique.
Le conquérant Mehmet II autorise la liberté de culte et fait élire un nouveau patriarche à la tête de l’Église grecque orthodoxe. Puis, il instaure un patriarcat arménien apostolique. En 1462, le sultan lance la construction du palais impérial de Topkapı.
En effondrant Byzance, les Turcs ont mis fin au Moyen Âge et ouvert une nouvelle ère, la Renaissance.
Pour terminer en art, je vous propose d’admirer ce portrait signé de l’artiste italien Gentile Bellini exposé à Londres au National Gallery.
PS : Pour anticiper les remarques du type : « C’est Constantinople qui est devenue Istanbul », je précise que l’appellation Constantinople a demeuré après 1453 et représentait la ville extra-muros, notamment Beyoğlu (Pera).
Istanbul désignait la vieille ville, à l’intérieur des murailles de Théodose.
Atatürk a décidé que l’intégralité de la ville se nommerait Istanbul mettant ainsi définitivement fin à l’appellation Constantinople.
Ah oui, l’anecdote savoureuse ; les religieux orthodoxes assiégés par les Turcs étaient essentiellement occupés à « parler du sexe des anges »…