Une loi contestée renforçant les pouvoirs de la police débattue au Parlement turc
Le Parlement turc a engagé hier l’examen d’un projet de loi très controversé du gouvernement islamo-conservateur, baptisé « réforme de la sécurité intérieure », qui va muscler les pouvoirs des forces de l’ordre.
Quelques heures avant leur coup d’envoi, le président Recep Tayyip Erdogan a mis la pression sur les députés et a surtout justifié les dispositions les plus contestées de son texte.
Entre autres mesures emblématiques, et critiquées, le texte doit permettre aux forces de sécurité de mener perquisition, arrestations ou écoutes sur la base de simples « soupçons » et en l’absence de tout mandat judiciaire.
Il autorise les policiers à utiliser leurs armes à feu contre les porteurs de cocktail Molotov et interdit aux manifestants de cacher leur visage, sous peine de cinq ans de prison.
D’autre part, l’opposition qui accuse l’AKP de vouloir créer un Etat policier. Le texte modifie le régime de la garde à vue. Jusqu’ici autorisée pour vingt-quatre heures sur mandat du procureur et extensible à quarante-huit heures par un juge, elle pourra désormais être décidée par la seule police pendant vingt-quatre heures en informant le procureur, qui pourra l’étendre ensuite à quarante-huit heures.
Enfin, malgré les nombreuses protestations venant des principaux rivaux d’Erdogan, le gouvernement a nié toute velléité de restreindre les libertés et assuré que son texte était conforme à ceux de l’Union européenne, que la Turquie veut rejoindre.
Les députés turcs en sont venus aux mains et deux d’entre eux ont dû être hospitalisés mardi dans la soirée, ayant dégénéré en bagarre, rapporte la presse turque.
Cinq personnes ont été blessées lors de ce débat qui se tenait en séance tardive, indique l’agence de presse Dogan.
"C’est la première fois que je vois une civière à l’intérieur du parlement. Des verres d’eau volaient dans les airs, les gens roulaient au sol, quelqu’un brandissait un marteau", a déclaré Melda Onur à la chaîne de télévision Hayat.
Source : OLJ et Reuters