Attis Caliskan (à droite) et Ceylan Yagmur (à gauche) partagent l’envie de conserver leur culture tout en s’intégrant pleinement dans le reste de la société.
Le mois dernier est née une association des femmes turques visant à ouvrir ces dernières aux autres cultures, et à la vie carolo. Présentation par l’énergique présidente, Attis Caliskan.
ELLE habite dans un charmant pavillon de Villers-Semeuse, avec son mari et son fils. Elle a 31 ans, est indépendante, travaille depuis onze ans dans le milieu associatif. Avant qu’Attis Caliskan ne donne son nom et n’aille chercher dans un placard un drapeau rouge et blanc, nul ne devinerait que cette Ardennaise née à Revin est d’origine turque.
C’est cette jeune femme souriante au tempérament de feu qui a pris la direction de la toute jeune association des femmes turques, née le 15 mars dernier. L’idée de l’assoce ne venait même pas d’elle, mais d’autres femmes de sa communauté qui « voulaient sortir, faire des activités… mais entre femmes. Il y a déjà une association franco-turque, mais elle n’accueille quasiment que des hommes ! »
Alors un groupe de femmes fermé, dans le confort d’une culture et langue commune…, Pas du tout ! L’association se veut avant tout « ouverte, se mélangeant à d’autres cultures, à d’autres femmes ». Toutes les femmes de toutes origines, françaises ou étrangères, sont les bienvenues.
Déjà Attis est entrée en contact avec les Femmes ressources (association de femmes d’origines différentes filant un coup de main à la population) : « Avec elles, on rencontre une dizaine de cultures. » C’est d’ailleurs une femme ressource de 22 ans, Ceylan Yagmur, qui a été appointée pour devenir l’animatrice du groupe.
Le programme est vaste : des kermesses organisées avec d’autres assoces à une remise en forme (gym…), en passant par des randonnées à thème dans les Ardennes et visites de musées « pour découvrir des aspects de la culture que les femmes turques ne connaissent pas. On ne connaît même pas le lieu où on habite ! »
« Je me révolte »
Enfin, des cours d’alphabétisation donnés par la jeune femme (Ceylan traduit pour sa famille et ses voisins depuis son plus jeune âge) seront essentiels pour permettre aux femmes de mieux s’intégrer, peut-être reprendre un jour le flambeau et la direction de l’association… et gagner en indépendance.
« Je me révolte. En tant que femmes, ou femmes turques, on est coincées entre deux cultures. On aime notre communauté et notre pays (la Turquie), mais on vit quand même dans les Ardennes, et nous avons parfois des difficultés à nous intégrer à la vie française », s’indigne Attis.
Ça a « progressé » depuis vingt ans, témoignent les deux femmes. « Aujourd’hui une fille de la communauté peut partir faire ses études à Reims sans que ça ne soulève de problème. Quand moi je suis allée faire mes études à Reims, qui n’est qu’à 85 kilomètres, et à Paris, ça avait dérangé tout le monde. Et il y a vingt ans, une femme turque qui voulait passer son permis de conduire était mal vue. Aujourd’hui il y en a plein, notre société a beaucoup évolué. »
Attis Caliskan est très claire. Elle ne parle ni de coercition, ni d’interdits qu’on imposerait à la population féminine, mais de tabous inhérents à la communauté qui font qu’une femme hésite avant d’entrer dans un bar, et qu’elle jette un œil par-dessus son épaule pour vérifier que personne ne l’y voit. Et si Attis « ne cherche pas à changer les opinions », elle veut permettre aux femmes « de vivre à notre façon, échanger, et nous ouvrir aux autres Carolos ».
Caroline BOZEC
Contact auprès d’Attis Caliskan, au 06.87.66.09.10.
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