[L’Economiste] - L’offensive turque se fait de plus en plus sentir sur le marché du textile marocain. Fini le temps des quelques mètres de tissu qui arrivent au Royaume dans des valises. Les entreprises turques comptent renforcer leur présence au sein de l’industrie nationale.

Prêt à porter, accessoire, tissu, fibre, denim, machines,…le potentiel des échanges est énorme. Afin de mettre en place une plateforme de rencontres maroco-turque, le Salon Maroc Textile a ouvert ses portes le 17 janvier. Un espace d’expositions qui regroupe 50 entreprises, dont 44 turques et 6 chinoises. « Les Turcs sont venus à la recherche de partenaires, de revendeurs et surtout pour nouer des contacts directs avec les fabricants marocains », explique Salim Haffar, directeur de projet chez Meridyen, entreprise organisatrice du salon. L’arrivée de cette forte délégation d’entreprises turques peut être perçue comme une menace pour le tissu industriel local. Avec la Tunisie, la Turquie est l’un des plus importants concurrents du Maroc dans le textile. Cependant, les deux économies peuvent faire jouer les synergies en particulier grâce à l’accord de libre échange.

Les textiliens marocains souffrent d’une carence en fil, en coton et en tissu denim de bonne qualité. Des produits que la Turquie produit en grandes quantités et surtout avec une qualité nettement supérieure à l’offre chinoise. Les rapprochements se font sentir sur les chiffres. Pour preuve : les importations marocaines en textile depuis la Turquie enregistrent une importante croissance. En 2001, les importations n’étaient que de 333 millions de DH contre 2,2 milliards de DH en 2011 et 1,7 milliard de DH au 1er semestre 2012. Le salon Maroc Textile n’est pas à sa première édition. « L’année dernière l’événement a eu lieu pendant le mois de Ramadan mais la fréquentation a été très faible », regrette le représentant d’une entreprise de filature.

Pour cette édition, les opérateurs visent en particulier les professionnels du prêt-à-porter et de la literie. Beaucoup d’entreprises exposantes travaillent déjà depuis quelques années avec le Maroc. Une percée qui est due à une stratégie bien étudiée. C’est le cas notamment pour Sertex, l’une des plus grandes entreprises de tissu d’ameublement en Turquie (une capacité de 2 millions de mètres par mois). Sertex dispose d’une collection dédiée au marché marocain. Elle opère au Maroc depuis plus de 12 ans. « Chaque mois, nous écoulons 200.000 m de tissu sur le marché marocain », précise Barkim Ayata, responsable commercial Afrique au sein de Sertex. D’ailleurs, l’entreprise réalise un chiffre d’affaires d’1 million de dollars au Maroc. Cette dernière n’est pas la seule à avoir développé des produits pour le marché national, Karesi Teksil dispose de tissu d’habillement pour le Maroc. En plus d’une étude des goûts, tendances et besoins des Marocains, les entreprises turques recrutent de plus en plus de cadres francophones pour faciliter les relations avec les professionnels. En plus d’échange de matériaux, des sociétés turques cherchent à se développer au Maroc sous forme de franchise. La tendance se fait déjà sentir pour le prêt-à-porter mais des ouvertures sont à prévoir cette année pour le tissu d’ameublement.