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Georges Rémond (correspondant de guerre de L’Illustration), "Sept mois de campagne avec les Turcs", in Georges Scott (dir.), Dans les Balkans, 1912-1913. Récits et visions de guerre, Paris, Chapelot, 1913 :
"A Constantinople le gouvernement [de l’Entente libérale] inclinait chaque jour un peu plus vers la paix, à n’importe quelles conditions. Il avait obtenu ce prodige de réaliser contre la Turquie l’unanimité des puissances européennes ; encore la Russie menaçait-elle d’intervenir personnellement si l’on ne se hâtait d’en finir. Le grand souci des ministres semblait être d’empêcher que se produisît un sursaut , sinon du patriotisme , au moins de la vieille foi musulmane qu’on avait vue l’année précédente en Afrique capable de produire des miracles. Je ne crois pas, comme certains l’ont dit, que ce fût lâcheté ou trahison ; personnellement des hommes comme Nazim et Kiamil pachas, comme Noradounghian effendi , étaient braves, généreux, patriotes et l’avaient montré, mais apathie, lassitude, terreur de l’Europe, désespoir, acceptation d’une inéluctable fatalité." (p. 23)
"Et tandis que se déroulait ce grand drame de la guerre , Constantinople, indifférente ou railleuse, continuait de se réjouir, de danser, de célébrer le carnaval, parfois cependant traversée d’un frisson bref, comme si un convive indésiré, le spectre des massacres ou de l’épidémie , ainsi que dans un conte célèbre, eût traversé la fête.
De tous les spectacles auxquels j’aie assisté durant cet hiver de 1912-1913, celui-ci était sans doute le plus tragique : la ville capitale d’un grand empire, insoucieuse du sort de celui-ci, se félicitant au fond du coeur et presque ouvertement de ses défaites, surveillée par les cuirassés des Puissances, parcourue par des patrouilles de marins de toutes les nations du monde, conquise par l’étranger avant que de l’être par l’ennemi !
J’ai vu les soldats turcs blessés, sordides et sanglants, revenant des lignes de Tchataldja, monter la grande rue de Péra, frôlés par les masques de la Mi-Carême, passant au milieu des chansons et des rires insultants. J’ai entendu Grecs et Arméniens souhaiter tout haut , dans des lieux publics, sans se soucier même du voisinage des officiers , la fin de la Turquie et l’internationalisation de Constantinople. Cette internationalisation, elle était de droit, ajoutait-on, elle existait presque de fait, il ne restait qu’à l’enregistrer. Les Turcs étaient ici gens qu’on avait trop longtemps supportés et dont les derniers devaient décamper. " (p. 25)
Voir également : La position équivoque des Arméniens, notamment dachnaks, durant les Guerres balkaniques (1912-1913) http://turquisme.blogspot.com/2020/...
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