En France, la gastronomie turque reste largement méconnue. Malgré les efforts de quelques amoureux culinaires, l’image du döner-kebab reste plaquée à celle de la cuisine turque, cachant une culture du goût et des produits variés.
La cuisine turque veut dépasser l’image du kebab
Sevim Gökyildiz, écrivain culinaire et vice-présidente de l’Association des Gourmets de Turquie, se déplace aux quatre coins de la France pour promouvoir la cuisine turque, dans toute sa diversité.
Parcourant Paris, Rouen, Annecy, elle participe à de nombreux événements gastronomiques. Le dernier en date s’est déroulé à l’hôtel Hilton de Strasbourg, à l’occasion de la semaine gastronomique turque, organisée du 17 au 20 novembre dans le cadre de la saison culturelle de la Turquie en France. Ce fut l’occasion de présenter la gastronomie turque, déclinée dans toutes ses saveurs, aux habitants de la capitale européenne. L’écrivain culinaire témoigne avec satisfaction : « Les invités étaient surpris de la richesse du menu, préparé soigneusement par le chef Hüseyin Ceylan. Ils étaient surtout étonnés de voir tout ce que l’on pouvait faire avec des ingrédients basiques, comme l’oignon ou l’aubergine ». Du café turc servi suivant la tradition avec des lokoums et des fruits secs, au buffet soigné, la cuisine turque a fait sensation. Pour Sevim Gökyildiz, un des points les plus importants tient à la présentation qui « doit être faite de façon minutieuse et raffinée ». Soulignant la variété des méthodes de cuisson et des saveurs, elle regrette que la cuisine turque soit si peu connue, voire méconnue en France.
Tous les ans, un salon de la gastronomie turque à Strasbourg
« Je pense que, parmi les cuisines du monde, la cuisine turque est l’une des plus riches », ajoute Sevim. « Je dirais même que c’est la meilleure en matière de variété. Cependant, elle n’est pas assez connue à l’étranger. Nous devons mettre en avant notre culture culinaire en participant aux salons et festivals ». Sa participation en novembre dernier au Salon de la Gastronomie, organisé chaque année à Strasbourg, a été dans ce sens très fructueuse. Les visiteurs du salon, essentiellement des Français et des Allemands, ont eu l’occasion de déguster au stand de la Turquie l’huile d’olive égéenne et d’autres spécialités du pays, avec une touche d’originalité en plus. Dans un décor totalement traditionnel, des petits-déjeuners à la turque ont été servis pendant trois jours. Les démonstrations de feuilles de vignes farcies et de güllaç, ont également éveillé la curiosité des visiteurs.
Le döner kebab, symbole de l’immigration turque
Très satisfaite de sa prestation à Strasbourg, Sevim Gökyildiz fait remarquer : « ce type de participation aux événements locaux est l’un des meilleurs moyens de changer notre image en Europe. » Cette image est très souvent fausse, surtout en France, où la réputation de la cuisine turque n’a pas encore réussi à dépasser le döner kebab. Plus encore, ce sandwich fourré de viande à la broche est devenu le symbole de l’immigration turque.
« Il n’y a pas beaucoup de restaurants en France qui présentent la vraie cuisine turque, et encore moins de vrais cuisiniers », commente Hüseyin Ceylan, chef cuisinier du fameux restaurant Lacivert de la rive asiatique du Bosphore. « Les Français mangent dans les snacks-kebabs un sandwich de viande grillée à la broche, sans trop savoir sa composition, et croient que la cuisine turque se limite à ça ». Pourtant, le kebab a des amateurs dans toutes les villes de France, même les plus petites, où se trouve au moins un snack kebab. Selon une étude publiée en mars dernier du cabinet Gira Conseil, expert du marché de la Consommation Alimentaire Hors Domicile en France (CAHD), il apparaît que le kebab représente 250 millions d’unités avalées par an, soit 14% des sandwichs consommés. Et même, d’après Benoît Maso, créateur de kebab-frites.com, le « kebabier » serait aussi connu que le boulanger ou le boucher du coin.
YELIZ AVCI