Edifié sur une colline dominant la Corne d’or, ce palace inauguré en 1892 fut le tout premier hôtel de luxe de l’Empire ottoman. Ce fut le premier bâtiment de l’empire, à l’exception des palais du sultan, à disposer de l’eau chaude, de l’éclairage électrique et d’un ascenseur.

Dernière étape de l’Orient-Express, il vit défiler nombre de personnalités de la fin du XIXe siècle et du XXe siècle comme le roi Georges V ou l’actrice Greta Garbo, ou encore Zsa Zsa Gabor, à laquelle la rumeur prête une liaison avec Mustapha Kemal Atatürk, père de la Turquie moderne. Agatha Christie aurait écrit "Le crime de l’Orient-Express" dans la chambre 411.

L’un des hauts lieux du palace est son bar oriental, où passèrent Hemingway ou Winston Churchill. Les 115 chambres et suites de l’établissement seront désormais accessibles à des prix allant de 230 euros à 4.000 euros la nuit.

La rénovation de l’hôtel devrait aider la ville à se maintenir sur la liste des sites inscrits par l’Unesco au patrimoine mondial.

L’organisation onusienne avait menacé de reléguer Istanbul sur une liste de sites en danger pour négligence envers ses innombrables monuments historiques, qui remontent aux époques romaine, byzantine et ottomane.

La rénovation du Pera Palace, qui a coûté 23 millions d’euros, va redorer dans le même temps le blason du quartier avoisinant, Beyoglu, qui avait périclité pendant la seconde moitié du XXe siècle avec le départ de nombre de ses habitants arméniens, grecs et juifs.

C’est aussi un ancien nid d’espions qui rouvre ses portes.

Dans son livre "Intrigues d’Istanbul", l’historien Barry Rubin explique que pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que la Turquie était neutre, les représentants de l’Axe descendaient au Park Hotel, à l’autre bout de Beyoglu. Les Alliés, eux, privilégiaient le Pera Palace, où une bombe posée par des agents nazis défigura le hall d’entrée en 1941.

Ayla Jean Yackley, Eric Faye pour le service français, édité par Gilles Trequesser

Source Reuters