A l’occasion de la 1ère journée d’étude de la turcologie organisée à Strasbourg, des professeurs et chercheurs spécialisés dans l’enseignement de la langue turque ont pointé du doigt l’inadaptation de certaines méthodes d’enseignement pour la communauté turque de France.
Le constat est sans appel. Pour la quinzaine de professeurs, chercheurs et doctorants, en provenance des universités françaises et turques, qui participaient à la 1ère journée d’étude de la turcologie à Strasbourg le 3 février dernier, l’enseignement du turc en France serait inadapté aux besoins des descendants d’immigrés turcs. Ces derniers éprouveraient des difficultés à s’exprimer dans cette langue, tant à l’écrit qu’à l’oral. Une méthode similaire au français langue étrangère, plus adaptée aux Européens d’origine turque, est donc préconisée par ces spécialistes en turcologie réunis pour soulever les problèmes rencontrés par les étudiants de cette discipline. Pour l’organisatrice de cet événement, Hatice Soytürk, doctorante en sociologie à l’Université de Strasbourg, le bilan est clair : l’enseignement du turc et de la culture turque attire de plus en plus d’étudiants, mais ces derniers ne trouvent pas leur compte. « La méthode de l’éducation nationale turque qu’appliquent les 1.500 enseignants en Europe ne convient pas exactement aux descendants d’immigrés », affirme Hatice Soytürk. C’est « suite aux demandes des étudiants de turcologie qui se plaignaient de leur discipline, et notamment au niveau des débouchés, que nous avons a eu l’idée de mettre en place cette journée » rappelle-t-elle. Cette difficulté d’apprentissage s’explique en grande partie par « le faible niveau des diplômés » souligne la doctorante, ajoutant qu’à Strasbourg, où l’on trouve l’un des trois départements de turcologie en France, près de 100 étudiants sont inscrits dans cette discipline. D’ailleurs, l’apprentissage du turc ne concerne pas uniquement ces étudiants. Soulignant que ces derniers ont souvent « des dialectes différents, des problèmes de prononciation et des lacunes de vocabulaire », elle insiste sur le fait qu’ « il faut repartir de zéro dans l’apprentissage du turc et faire comme si l’élève ne connaissait pas du tout la langue. » Pour elle, comme pour les autres intervenants, une nouvelle méthode est nécessaire : « le turc comme langue étrangère » car son apprentissage devrait aussi être accessible aux non-turcophones. Les intervenants réunis à Strasbourg se retrouveront l’année prochaine en Belgique pour une deuxième journée d’étude de la turcologie.
par Fatih Tursun Paris pour Zaman France