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vendredi 22 septembre 2023

Alliance des civilisations : Erdogan critique les ultra-nationalistes arméniens (Turquie/Arménie)

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Alliance des civilisations : Erdogan critique les ultra-nationalistes arméniens (Turquie/Arménie)

L’Alliance des civilisations, idée lancée par l’Espagne pour dépasser les incompréhensions entre cultures et religions, spécialement entre mondes occidental et musulman, a débuté mardi à Madrid avec l’espoir de faire décoller cette initiative.

"L’Alliance des civilisations prétend démontrer qu’il existe des voies pratiques de collaboration entre le monde islamique et le monde occidental qui démentent l’idée supposée d’affrontement inévitable entre civilisations et cultures", a notamment déclaré le Premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero lors du discours d’ouverture.

Le concept avait été lancé en septembre 2004 à la tribune des Nations unies par José Luis Rodriguez Zapatero et avait rapidement reçu l’appui de la Turquie et du secrétaire général de l’ONU de l’époque, Kofi Annan.

Le "label" a depuis été repris et entériné par les Nations unies. En avril 2007 le secrétaire général Ban Ki-moon a nommé l’ancien président portugais Jorge Sampaio comme Haut représentant pour l’Alliance des civilisations.

Ce forum s’annonce comme "une importante plate-forme globale" pour permettre à des responsables de la politique, des médias, de l’industrie et des religions de "parler franchement" sur le sujet, a expliqué Shamil Idris, directeur du secrétariat de l’Alliance des civilisations, dans un communiqué de l’ONU.

"L’objectif est de favoriser l’entente culturelle et inter-religieuse, la connaissance mutuelle (...) pour favoriser une culture de paix à l’échelle globale", a indiqué vendredi la numéro deux du gouvernement espagnol, Maria Teresa Fernandez de la Vega.

La Turquie a présenté elle aussi son propre plan national pour le développement du dialogue interculturel, selon un communiqué du ministère turc des Affaires étrangères.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan qui soutient depuis l’origine l’initiative a déclaré pour sa part à la tribune de ce forum : "L’objectif est de combler une lacune dans un monde où l’intolérance augmente".

Un succès concret de cette Alliance en ferait "un antidote au terrorisme", avait-il déclaré lundi soir à Madrid. "L’entrée (de la Turquie, ndlr) dans l’Union Européenne sera un indicateur clair que de l’Alliance des civilisations est possible", a encore lancé mardi M. Erdogan. Le dirigeant turc a souligné que cette adhésion était "attendue par des millions de personnes" alors que le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel s’y sont déclarés opposés.

Il a indiqué que le projet d’Union Méditerranéenne ne pouvait pas être une alternative à l’adhésion à l’Union européenne. « Nous sommes contre une telle affirmation. Et nous sommes certainement contre la participation de la Turquie dans une telle formation si elle est avancée comme une alternative à l’UE ».

Lors d’un petit déjeuner organisé par Europa Presse dans le capitale espagnol de Madrid M.Erdogan a cependant précisé que la Turquie doit tout d’abord vérifier le but de l’Union Méditerranéenne et voir si elle sera une identité géographique ou une union politique ou économique.

Sur l’article 301 du Code pénal Turc (TCK), M.Erdogan a dit qu’un amendement à l’article devrait être voté par le Parlement dans un mois et que la question serait ainsi peut être résolue.

Interrogé sur les efforts du lobby arménien de faire reconnaitre par les Etats tiers un "génocide" qu’aurait commis l’Empire Ottoman, Erdogan a déclaré « la diaspora (arménienne) continue à tout embrouiller... Après leurs attaques dans divers pays ils essayent d’obtenir des appuis en rapport ou non ».

M.Erdogan a continué « la question (le projet de loi sur une inscription d’un "génocide arménien" dans l’ "Histoires officielle" d’Etats tiers, tout particulièrement aux Etats-Unis) semble être remise, grâce en particulier à la sensibilité de l’administration américaine. (...) Cependant, je voudrais exprimer très clairement qu’il y a des préjudices très sérieux quant à cette question ».

« J’ai écrit une lettre à Robert Kocharian en 2005 et ai dit ceci [les allégations de "génocide"] doit être évaluée par des historiens. La Turquie a ouvert ses archives. Il y a plus d’un million de documents classifiés. La Turquie a aussi demandé que l’Arménie ouvre ses archives. Robert Kocharian n’a pas encore répondu à ma suggestion » a rappelé le Premier Ministre turc. La Turquie a plusieurs fois appelé l’Arménie et les organisations arméniennes en dehors de l’Arménie au dialogue sur cette question mais s’est heurté à l’intransigeance des ultra-nationalistes arméniens qui bloquent toute possibilité de dialogue. En revanche le lobby arménien en Europe et aux Etats-Unis, téléguidé par la FRA Dachnaktsoutioun (parti nationale-socialiste arménien, ultra-nationalistes de gauche), continue de déployer sa stratégie anti-turque sous forme de pressions et de marchandages avec les élus de pays tiers où le lobby est implanté. C’est également un élément de choix dont se servent les factions d’extrême droite afin d’empêcher la candidature de la Turquie à l’Union Européenne.

Puis le Premier ministre turc a continué « la diaspora arménienne est dans un effort visant à obtenir des indemnités (de la Turquie) ». « La cause de la Turquie est légitime. Le gouvernement turc a ouvert des couloirs aériens à Yerevan et a rénové l’église orthodoxe arménienne dans l’ile d’Akdamar sur le Lac de Van. Il y a actuellement 40.000 arméniens vivant clanedstinement en Turquie qui ont fui l’Arménie. Nous ne les avons pas expulsés. Les citoyens arméniens vivant en Turquie n’ont pas de problèmes » a continué M.Erdogan.

Petit clin d’oeil loufoque, dimanche 13 janvier lorsque le Premier Ministre turc M.Erdogan a visité le Palais de l’Alhambra à Grenade un groupe qui s’appelle « Los Turcos » l’a accueilli près du palais. Ils portaient des vêtements ressemblant à ceux des Turcs Ottomans.


Les événements de 1914-1922

Des affrontements inter-ethniques et des déplacements forcés de populations en Anatolie orientale, entre 1914 et 1922, ont fait plusieurs centaines de milliers de morts parmis les Turcs et les Arméniens. L’Empire ottoman était alors engagé dans la Première Guerre Mondiale aux côtés de l’Allemagne et de l’Empire Austro-Hongrois. Dès 1914, des Arméniens ottomans ont massivement pris le parti des Russes, contre les Turcs, se livrant à des massacres de masse et à des pillages dans l’est de l’Anatolie. A la suite de ces événements, le gouvernement ottoman décida d’éloigner une partie de la population arménienne des zones de front et à risque. Ce transfert se solda par un lourd bilan humain.

La Turquie et de nombreux historiens rejettent catégoriquement la thèse controversée d’un "génocide" que le gouvernement ottoman aurait perpétré contre la population arménienne de l’Empire. Cette thèse, défendue par les nationalistes arméniens, est aujourd’hui instrumentalisée afin d’exercer des pressions politiques sur la Turquie, notamment pour entraver la perspective de son adhésion à l’Union Européenne.