On le surnommait le "Pinochet turc". L’ancien président turc Kenan Evren, qui avait pris le pouvoir en 1980 lors d’un coup d’Etat avant de diriger le pays d’une main de fer pendant plus de neuf ans, est mort samedi 9 mai à Ankara à l’âge de 97 ans, annonce l’agence de presse officielle Anatolia.
Premier putschiste jugé pour "crimes contre l’Etat" et condamné en 2014 à la prison à vie, il était soigné à l’hôpital militaire de GATA depuis 2012. Son état s’était récemment détérioré et il avait été placé sous respiration artificielle.
Un passage en Corée
Né à Alasehir (ouest) le 17 juillet 1917 dans une famille d’immigrés turcs des Balkans, éduqué dans des institutions militaires, il entre dans l’armée en 1938, l’année de la mort du fondateur de la République, Mustafa Kemal Atatürk.
Après un passage en Corée pendant la guerre qui coupe le pays en deux en 1953, l’officier décroche sa première étoile de général en 1964. C’est l’époque où l’armée s’érige en gardienne de l’héritage laïque et autoritaire du kémalisme et pèse de tout son poids sur la vie politique du pays.
Sitôt nommé à la tête de l’armée en 1978, Kenan Evren adresse une première mise en garde au Premier ministre de l’époque, Süleyman Demirel. Deux ans plus tard, il prend le pouvoir. Dans la foulée du coup d’État, il fait voter une Constitution autoritaire, qui reste encore en vigueur en dépit de nombreux amendements.
C’est sans compter avec le nouveau maître du pays, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, décidé à faire rentrer l’armée dans le rang. Après une réforme constitutionnelle en 2010, Kenan Evren perd son immunité et devient en avril 2012, avec l’ex-chef d’état-major de l’armée de l’air Tahsin Sahinkaya, le premier putschiste jugé pour "crimes contre l’Etat".
Source : avec AFP











