Palais de Dolmabahçe, un exemplaire particulièrement lourd et impressionnant d’architecture de style rococo, l’intérêt résidant principalement dans la perception du délire de l’apparence sans doute typique de ce moment particulièrement décadent de l’histoire d’Istanbul. Dans l’exercice de compassion, aussi : visite guidée obligatoire en compagnie de touristes dont une partie semble avoir été spécialement formatés pour justifier la mauvaise humeur et la morgue des insupportables guides, dont le principal plaisir en termes de relations humaines semble consister à imposer à autrui les miettes minables du petit pouvoir qui leur a été conféré. A mon propre grand étonnement, je reste de bonne humeur et parfaitement détendue, n’usant de la provocation qu’à usage exclusivement privé (à savoir qu’à partir d’un niveau assez vite atteint de subtilité, pas l’un des individus qui m’entourent ne capte ce qui m’amuse dans la situation). Deux jeunes Français bien propres sur eux me précèdent (nous passons en file indienne devant la porte d’une pièce dont il nous est suggéré d’admirer l’intérieur), appareil-photo sur le ventre et Guide du routard en poche. Ils ne comprennent rien au commentaire servi en anglais pourtant impeccable par la mignonne petite guide à voix aigre.
” – Et en plus, tous les panneaux explicatifs sont en turc”, se plaint la jeune Française.
A ma stupéfaction, car tous les panneaux sont écrits en deux langues – turc et anglais -, une distinction qu’à l’évidence cette jeune dame n’est pas capable de faire, à moins que ce ne soit pour m’amuser par un tableau vivant de caricature du Français grognon en vacances.
Source : Carnet de voyages presque sur place