Société agroalimentaire, Pagysa présente la particularité d’être restée dans le même giron familial depuis plus de deux siècles. Aujourd’hui, conseillés par leur père Guy, Guillaume et Frédéric Pagy prennent le relais. La neuvième génération présente ainsi ses actions et dévoile ses objectifs pour pérenniser l’entreprise.

À cheval sur deux continents, la Turquie bénéficie d’une extraordinaire situation géographique. C’est cette position géostratégique de premier plan qui avait poussé Gabriel Pagy à tenter l’aventure il y a plus de 200 ans… Pour la petite histoire, Pagysa est implantée en Turquie depuis le début du XIXe siècle.

Aujourd’hui, toujours basé à Izmir, le groupe est composé de Pagysa (fruits secs et coton) et de la société Özlem (aliments, œufs, lait). La première, dirigée par Guillaume Pagy, également conseiller du Commerce extérieur pour la France, travaille essentiellement à l’export (Europe, États-Unis, Canada, Afrique, Australie, Japon…) et réalise un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros, tandis que la société Özlem, dirigée par Yaman Aki, assisté de Frédéric Pagy, intervient sur le marché local avec un chiffre d’affaires de 55 millions d’euros. Outre son statut de premier exportateur de coton de la région égéenne, l’activité de Pagysa est largement axée sur la culture, la transformation et l’exportation de fruits secs : les raisins secs (15 000 tonnes par an), le traitement et l’exportation d’abricots secs (5 000 t/an), la transformation et l’exportation de figues sèches (2 500 t/an). La société possède également une unité de production et d’emballage de fruits moelleux originaires de Turquie (abricots, figues, tomates séchées) et d’ailleurs (pruneaux, dattes, fruits tropicaux, etc.).

Fin 2000, Pagysa est entrée dans le capital du groupe Özlem. Avec 250 salariés, Özlem Tarim Ürünleri AS dispose de plusieurs filières : la production d’aliments, sous la marque de Özlem Yem (pour 2009, la production alimentaire s’élevait à 45 000 tonnes pour la volaille et à 85 000 tonnes pour les ruminants) ; le lait industriel, sous la marque Özlem Damizlik ve Sut ; les œufs, sous la marque Özlem Yumurta (près de 400 000 poules pondeuses, soit entre 1,8 et 2 millions d’œufs par semaine vendus aux supermarchés locaux). Özlem exploite également à Manisa (région de l’Égée) 400 ha destinés à la production de raisin, de blé, de trèfle et de maïs pour l’ensilage, la majorité de la récolte étant réservée à l’alimentation du bétail. Le groupe détient également les sociétés Pakis Ambalaj (conception de barquettes et de plaques isolantes en polystyrène à 90 % pour le marché local et le solde à l’export) ; Vertigo, créée en 2007 pour fournir le marché local en matières premières pour aliments et qui recherche des marchands-fournisseurs étrangers pour l’importation de ces matières ; Agrosanita, fournisseur exclusif de produits de fumigation Detia-Degesch en Turquie.

« D’un point de vue économique, notre pays n’a pas toujours su tirer parti de son exceptionnelle situation, reconnaît Guillaume Pagy. Les nombreuses vicissitudes politiques et la crise économique des deux dernières années n’ont pas favorisé son essor, mais il semblerait qu’aujourd’hui, enfin, le pays s’inscrive dans une nouvelle dynamique. » Avec un positionnement concurrentiel et un fort potentiel de développement, la Turquie se donne de nouveaux moyens, aidée en cela par un dynamisme démographique. Mais malgré son optimisme, Frédéric Pagy reste réservé : « Les habitudes de consommation évoluent, mais il faut savoir que la consommation de viande et d’œufs reste de moitié inférieure à celles des grands pays européens ; ce qui nous offre un potentiel de croissance formidable. Par ailleurs, l’agriculture repose essentiellement sur de petites exploitations artisanales et ne représente que 10 % du PIB du pays. Conscients de nos atouts, mais aussi de nos lacunes, nous souhaitons participer à l’industrialisation de l’agriculture locale », poursuit-il, révèlant parmi ses projets, l’agrandissement du cheptel afin d’accroître la production de produits laitiers, une nouvelle usine de transformation de fruits secs, une nouvelle usine d’aliments dans la région de Thrace, l’acquisition de nouvelles machines pour l’emballage, une casserie d’œufs pour l’industrie… Et d’ajouter : « Nous investissons dans l’immobilier et procédons en permanence à la modernisation des équipements et des locaux. Nous avons mis en place de nouvelles normes et de nouveaux contrôles d’hygiène, dont la création d’un guide des bonnes pratiques, notamment en matière de qualité. »

Guillaume Pagy évoque la conquête prochaine du marché asiatique avec une offre de produits spécifiques, mais aussi la diversification dans la production de raisin : « Devenir cultivateur, augmenter notre présence dans le biologique même si, pour l’heure, il n’est pas question de devenir viticulteur… » 

Source Actu CCI