Dumlupinar, 30 août [1922] "Zafer Bayrami"
Mustafa Kemal gagne à Dumlupinar et chasse les Grecs d’Anatolie

Avant de quitter Ankara, Mustafa Kemal avait dîné à l’extérieur de la ville avec des amis. A la fin du repas, il leur avait dit : « Maintenant, je pars directement sur le front pour passer à l’offensive. » Surpris, l’un d’eux lui avait lancé : « Espérons que vous ne serez pas vaincu ! » « Quelle idée ! En quatorze jours, j’aurai jeté tous les Grecs à la mer ! » Le front est étendu sur une ligne de 500 km, avec des points forts à Eskisehir, au nord, et à Afyonkarahisar, plus au sud.
Les Grecs s’attendaient à une offensive sur Eskisehir
D’après leur service de renseignements, c’est à côté de cette agglomération que Mustafa Kemal avait réuni le plus gros de ses unités. C’est en tout cas ce qu’il leur avait habilement fait croire en organisant de nombreux mouvements de troupes dans cette région. Mais, dès la nuit tombée, il déplaçait la plus grande partie des unités vers ses positions d’Afyon. Dans la soirée du 25 août, il avait coupé les lignes de communications entre l’Anatolie et le reste du pays.
Avant de passer à l’attaque, Mustafa Kemal a lancé à tous ses hommes :
« Armées ! Votre premier objectif est là Méditerranée. En avant ! »
Une heure avant l’aube du 26 août, il est monté à cheval pour se déplacer sur la colline de Kocatepe, d’où il allait diriger les combats. Il ne parlait pas et semblait plongé dans ses pensées. Les Grecs furent réveillés par les tirs de l’artillerie. Beaucoup d’entre eux venaient à peine de rentrer d’un bal à Afyonkarahisar. La bataille a été courte et sanglante. Dès 9 h 30, les Turcs avaient atteint leurs objectifs.
Les Grecs restaient encore surpris par cette attaque et ne se rendaient pas compte qu’il s’agissait déjà de la grande offensive turque, que leurs chefs avaient prévue plus au nord.
Quand ils ont compris leur méprise, il était trop tard ; ils avaient déjà perdu la guerre. Dès que les Turcs ont pris possession de la première ligne de défense ennemie, les autres sont tombées dans les heures qui suivaient. Les Grecs reculaient plus qu’ils ne se battaient. En deux jours, les Turcs ont rejoint la route qui, de Dumlupmar, mène à Izmir. Ils ont occupé Afyon, que les Grecs avaient abandonnée sans avoir tenté de la défendre.
Dans la matinée du lundi 28 août, Rauf, président du Conseil des ministres, a reçu un télégramme de Mustafa Kemal : « Nos soldats sont de bonne humeur. Ils ignorent la fatigue. Ce soir, je serai à Afyon où la population est en liesse ». Il installa en effet son quartier général dans la mairie de cette ville. En fin de soirée, les communications ont été rétablies vers Ankara.
A ceux qui le félicitaient, il répondit avec un éclat de rire : « Eh oui ! Nous avons enfin réussi ! » Ce matin, il a déplacé son quartier général à proximité de Dumlupmar. Encerclée, la moitié de l’armée grecque, commandée par le général Trikoupis, a été capturée dans la journée. L’autre moitié s’est précipitée en direction de la mer en détruisant tout sur son passage. Les Grecs s’enfuient avec une rapidité telle que les Turcs ont du mal à les poursuivre.
La fin de la bataille était le début de la fin de l’invasion grecque de l’Anatolie. Après cette victoire, les Turcs ont lancé la Grande Offensive qui s’est terminée par la libération d’Izmir.