Le président turc Abdullah Gül a prévenu vendredi que la France devrait se retirer du groupe de Minsk, créé pour trouver une solution au conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, si elle adoptait définitivement une loi réprimant la contestation du génocide arménien de 1915.
“Si une telle proposition de loi prend force de loi, ce que je n’espère pas, alors il faudra très probablement que la France se retire immédiatement de tous ces travaux de médiation car elle aura adopté une attitude qui manque clairement d’impartialité et officialise sa partialité“, a déclaré M. Gül à des journalistes à Istanbul.
M. Gül réagissait au vote jeudi par l’Assemblée nationale française d’une proposition de loi réprimant d’un an de prison et d’une amende la contestation du génocide arménien de 1915-17, suscitant la colère d’Ankara qui réfute le caractère génocidaire des massacres survenus dans les dernières années de l’empire ottoman.
Le texte doit encore être voté au sénat pour prendre force de loi. Le Groupe de Minsk a été créé en 1992 par la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE, l’actuelle OSCE) afin d’encourager la recherche d’une résolution pacifique et négociée entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan du conflit les opposant sur le Nagorny Karabakh.
Le Groupe, auquel participe la Turquie, est coprésidé par les États-Unis, la France et la Russie.
Rattaché à l’Azerbaïdjan pendant la période soviétique, le Nagorny Karabakh a proclamé son indépendance, non reconnue par la communauté internationale, après une guerre qui a fait 30.000 morts et des centaines de milliers de réfugiés entre 1988 et 1994.
Un cessez-le-feu a été signé en 1994, mais Bakou et Erevan n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le statut de la région. Allié traditionnel de l’Azerbaïdjan turcophone, la Turquie a fermé sa frontière avec l’Arménie en 1993 pour soutenir Bakou.
AFP
Haut-Karabagh
Le Haut-Karabagh est une région d’Azerbaïdjan occupée par l’armée arménienne depuis le début des années 1990. L’invasion arménienne s’est soldée par de violents massacres de civils azéris. Par la suite, l’Arménie a appliqué une politique de purification ethnique en déportant la totalité des survivants azéris de leurs terres.
Aujourd’hui, plus d’un million de réfugiés azerbaïdjanais vivent dans des conditions précaires en attendant de pouvoir éventuellement récupérer leur biens spoliés par l’Etat arménien.
Les terres et maison laissées à l’abandon ont été "offertes" par l’Etat arménien aux colons installés pour peupler les territoires occupés par l’Arménie.
A plusieurs reprise, les instances internationales ont condamné ce "génocide" et enjoint l’Arménie de libérer les territoires qu’elle occupe illégalement.
Les organisations nationalistes arméniennes nient les massacres et la déportation d’environ un million d’Azéris et profitent de leurs nombreuses officines implantées dans les pays d’Europe ou d’Amérique pour faire pression sur les instances nationales et internationales afin de bloquer la résolution du conflit.
A l’origine peuplé de 150 000 habitants entre Arménie et Azerbaïdjan, le Haut Karabakh ne comprend aujourd’hui plus que des colons arméniens. 30.000 d’Azerbaïdjanais ont été massacrés, deux millions d’entre eux ont été déportés du HK et des sept régions d’Azerbaïdjan attenantes, prises par les nationalistes arméniens.
Voir également :
Imprescriptible, base documentaire sur le génocide du peuple azéri
Nettoyage ethnique, liens sur les purifications ethniques des Azéris (1991-1994 et 1918-1920) par les Arméniens
Les événements de 1914-1922
Des affrontements inter-ethniques et des déplacements forcés de populations en Anatolie orientale, entre 1914 et 1922, ont fait plusieurs centaines de milliers de morts parmis les Turcs et les Arméniens. L’Empire ottoman était alors engagé dans la Première Guerre Mondiale aux côtés de l’Allemagne et de l’Empire Austro-Hongrois. Dès 1914, des Arméniens ottomans ont massivement pris le parti des Russes, contre les Turcs, se livrant à des massacres de masse et à des pillages dans l’est de l’Anatolie. A la suite de ces événements, le gouvernement ottoman décida d’éloigner une partie de la population arménienne des zones de front et à risque. Ce transfert se solda par un lourd bilan humain.
La Turquie et de nombreux historiens rejettent catégoriquement la thèse controversée d’un "génocide" que le gouvernement ottoman aurait perpétré contre la population arménienne de l’Empire. Cette thèse, défendue par les nationalistes arméniens, est aujourd’hui instrumentalisée afin d’exercer des pressions politiques sur la Turquie, notamment pour entraver la perspective de son adhésion à l’Union Européenne.