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Depuis deux jours, Vehbi Erdogan ne dort plus, car il ne fait « que penser à tout ce qui se passe en ce moment ». Ce gérant d’un salon de coiffure à Bourgoin-Jallieu, en Isère, a dû fermer son enseigne pour une durée d’une semaine. En cause : un tweet du militant d’extrême droite Damien Rieu datant du lundi 29 juillet et mettant en lumière le salon appelé « Hair Dogan ». Des internautes y voient alors une référence au président turc, Recep Tayyip Erdoğan. Très vite, le post sur la plateforme X cumule 3 millions de vues et une vague de haine se déferle sur l’homme de 23 ans.
Ouvert depuis seulement six mois, ce salon de coiffure « n’a été que du positif jusqu’à maintenant. Chaque semaine, je remarquais quand même quelques personnes prendre en photo mon enseigne », se souvient Veby Erdogan. Pour trouver un nom à son salon, ce père d’une fille de trois ans surfe sur la tendance des jeux de mots. Il trouve alors « Hair Dogan », en référence à son nom de famille. « Je ne vois pas le problème dans le fait de nommer mon salon comme tel. « Hair » veut dire « cheveux » en anglais et « dogan » signifie « naissance » en turc. On me parle du président de la Turquie, mais ce chef d’Etat n’est pas le seul à s’appeler Erdogan », explique-t-il.
Menace sur menace
Sauf que tout bascule le 29 juillet. Ce lundi-là, le militant d’extrême droite largement suivi sur les réseaux sociaux, Damien Rieu, publie une photo du salon sur la plateforme X et écrit : « Coiffeur turc à Bourgoin ». Si Vehbi Erdogan ne s’inquiète pas au début et prend le tweet « à la rigolade », il comprend « rapidement que tout cela va trop loin ». La section « commentaires » est alors inondée de messages menaçants comme « on va brûler ton salon », « vous êtes des ennemis à combattre » ou encore, « j’espère qu’il y aura des problèmes ». Certains accusent même le gérant de trafic de drogue et de blanchiment d’argent.
Depuis le tweet, la blessure du coiffeur est à vif. Veby Erdogan, a fait trois crises d’angoisse. Ce lundi 5 août, il est allé voir son médecin généraliste. Résultat : le professionnel lui a prescrit du Ramipril pour son hypertension (qui existait avant la polémique) et de l’Alprazolam, une benzodiazépine pour soulager son anxiété et ses insomnies. Le généraliste lui recommande également d’aller consulter un psychologue. « Je compte en voir un car tout cela devient trop. J’ai peur pour ma femme et ma fille. Dans la rue, j’ai l’impression que tous les regards sont rivés sur moi, qu’on va me planter un coup de couteau ou encore qu’on va détruire mon salon », dit-il d’une voix morose.
Des images qui l’empêchent de dormir
Au-delà de l’hypervigilance, Veby Erdogan est hanté par une image précise. La veille de son rendez-vous avec son médecin, le gérant se rend dans son salon pour y afficher un message selon lequel l’établissement sera fermé pendant une semaine. Au pied de la porte, il remarque des crachats : « Je n’arrête pas d’y penser », affirme-t-il à plusieurs reprises.
Depuis, Vehbi Erdogan a porté plainte au commissariat pour diffamation, harcèlement ou encore, racisme. Il compte profiter de cette semaine de repos pour se « couper des réseaux sociaux » et s’« isoler » chez lui. Mais il attend avant tout que « justice soit faite » : « J’ai confiance en la justice française », conclut-il.