Le G20 veut afficher son unité contre le terrorisme
Le G20 veut afficher son unité contre le terrorisme
Les dirigeants des pays les plus riches de la planète veulent envoyer dimanche lors de leur sommet en Turquie un message d’unité contre la terreur jihadiste après les attentats qui ont frappé la France, malgré de profondes divergences sur la Syrie.
Sans surprise, la vague d’attaques revendiquée par le groupe Etat islamique (EI) qui a fait au moins 129 morts vendredi soir dans les rues de Paris a bouleversé le menu des discussions du sommet annuel des chefs d’Etat et de gouvernement du G20 à Antalya (sud).
« L’ordre du jour est maintenant très différent », a confirmé l’hôte de la réunion, le président turc Recep Tayyip Erdogan.
« Nous devons mener un combat international, dans le cadre d’une coalition, contre les actes de terrorisme », a-t-il déclaré tard samedi soir après un entretien avec le chef de l’Etat chinois Xi Jinping. « Le terrorisme est l’ennemi commun de l’humanité. La communauté internationale doit agir ensemble », a abondé M. Xi.
Selon plusieurs sources, le G20 préparait une déclaration spécifique en réaction aux attentats de Paris, séparée du communiqué final traditionnellement consacré aux questions économiques.
Comme pour rappeler l’urgence de la menace, un militant présumé de l’EI s’est fait exploser tard samedi soir lors d’un raid de la police dans la ville turque de Gaziantep, à quelque 500 km (bien 500) à l’est de la station balnéaire transformée en camp retranché qui héberge les débats des dirigeants du G20.
Les grands pays ont tous dénoncé les attaques de Paris et souligné leur volonté de « coordonner la lutte internationale contre le terrorisme », selon le mot du ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui remplacera le président François Hollande à Antalya.
Ces déclarations d’intention cachent toutefois mal leurs divergences sur une solution à la guerre en Syrie, qui a fait plus de 250.000 morts depuis quatre ans et demi et constitue le terreau des mouvements jihadistes.
Sous la pression des attentats de Paris, la rencontre de Vienne sur la Syrie a accouché samedi d’un « calendrier concret » prévoyant la formation d’un gouvernement de transition dans six mois et l’organisation d’élections d’ici dix-huit mois.
Divergences
Mais, comme l’a rappelé le secrétaire d’Etat américain John Kerry, des « divergences » demeurent sur le sort à réserver à M. Assad.
La Russie, qui intervient militairement aux côtés des troupes du régime depuis plus d’un mois, et l’Iran continuent à le soutenir contre vents et marées, alors que les Etats-Unis, les Européens et les pays arabes exigent son retrait immédiat.
Dans ce climat, les retrouvailles entre les présidents américain Barack Obama et russe Vladimir Poutine, qui sont arrivés dimanche matin sur les bords de la Méditerranée, s’annoncent glaciales. Les deux hommes ne devraient pas se rencontrer en tête à tête à Antalya, selon leurs délégations. M. Obama devait s’exprimer brièvement devant la presse en fin de matinée après un entretien avec M. Erdogan.
Deux semaines après son triomphe aux législatives, l’homme fort de Turquie entend bien, de son côté, profiter de son rôle d’hôte du sommet pour réaffirmer son rôle de partenaire incontournable. Il a ainsi remis sur la table son idée de « zone sécurisée » dans le nord de la Syrie pour accueillir déplacés et réfugiés. Ses alliés l’ont jusque-là toujours refusé.
Ankara espère plus sur le dossier de la crise migratoire
Confrontée à un afflux de migrants, majoritairement syriens, depuis le printemps, l’Union européenne (UE) tente de convaincre la Turquie, qui en accueille 2,2 millions, et les autres pays limitrophes de les retenir, en échange d’une aide financière.
M. Erdogan fait monter les enchères et a d’ores et déjà annoncé qu’il attendait « plus de soutien » de ses alliés. Mais les échanges sur ce thème s’annoncent rudes, quelques jours après un rapport européen au vitriol qui a dénoncé les « graves reculs » de l’Etat de droit en Turquie.
A deux semaines de la conférence de l’ONU sur le climat à Paris, le G20 sera aussi l’occasion de resserrer une dernière fois les boulons en vue d’un accord pour la réduction des gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, et son financement.
Côté économie, le ralentissement de la croissance chinoise continue d’inquiéter les marchés, notamment dans les pays émergents. Le sommet d’Antalya devrait être l’occasion d’exprimer, selon des participants, un « message de confiance » sur la stabilisation de la situation mondiale.
Ce G20 doit aussi permettre la validation du plan d’action de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) contre l’optimisation fiscale, qui permet aux multinationales d’échapper à l’impôt.