La Turquie a déployé des troupes et du matériel supplémentaires sur sa frontière avec la Syrie alors que les combats s’intensifient pour le contrôle de la ville d’Alep, indiquent des sources au sein des services de sécurité.
Selon la dépêche Reuters, l’armée turque a renforcé ses dispositifs de sécurité, dépêchant des hommes et du matériel supplémentaires y compris des unités des forces spéciales au cours des derniers jours, en raison des violents combats qui se déroulent à Alep, ont déclaré des responsables turcs et des sources sécuritaires.
Les rebelles syriens ont lancé une offensive de grande ampleur sur cette ville afin de s’emparer de sa partie nord, ont indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) et des insurgés.
"Il est vrai que nous avons pris des mesures pour protéger nos frontières. Des ordres ont été donnés dans l’hypothèse où des développements de l’autre côté de la frontière menaceraient la sécurité de la Turquie", a déclaré Ahmet Davutoglu sur la chaîne de télévision Kanal 7.
"Mais personne ne doit s’attendre à voir la Turquie entrer en Syrie demain ou même à court terme", a-t-il ajouté.
La presse turque évoquait la possibilité d’une intervention de l’armée en territoire syrien.
La Turquie va-t-elle intervenir en Syrie ?
Ira ? Ira pas ? Les rumeurs d’une intervention turque en Syrie vont bon train dans les médias turcs. « Allons-nous à la guerre avec la Syrie ? », titrait ainsi le quotidien pro-gouvernement Yeni Safak mardi. L’article, relayé sur le site de Courrier International, annonçait une invasion imminente de la Turquie au nord de la Syrie afin d’établir une zone tampon « de 100 km de long et d’une trentaine de kilomètres de profondeur sur le sol syrien, entre Öncüpinar et Karkamis ». « Quelque 18.000 soldats, appuyés par des chars et par l’armée de l’air, pourraient participer à cette intervention, précisait le journaliste. Nous n’allons pas faire la guerre, mais nous allons sécuriser notre frontière. »
Pour Nicolas Hénin, auteur de Djihad Academy (Fayard) et spécialiste de l’Etat islamique, « cela ressemble fort à une campagne de préparation de l’opinion ». Une intervention turque sur le territoire syrien ne serait ni une surprise, ni une nouveauté, rappelle aussi le journaliste. En effet, en février 2015, un corps expéditionnaire de 500 hommes s’était introduit dans le Nord de la Syrie à 30 kilomètres à l’intérieur des terres pour évacuer un mausolée ottoman. « L’établissement de cette zone répondrait à un double objectif sécuritaire et humanitaire : établir une zone tampon militarisée avec le chaudron syrien, et permettre aux réfugiés qui affluent vers la frontière turque de trouver des zones de sûreté sur le territoire syrien » analyse de Nicolas Hénin.
Des sources sécuritaires ont indiqué que les combats qui se déroulent à Azaz opposent des djihadistes de l’Etat islamique et une coalition de militants du Front al Nosra et de rebelles soutenus par les Occidentaux. Les différents groupes se disputent le contrôle du nord d’Alep depuis des semaines.
Ahmet Davutolgu a précisé que les troupes et milices fidèles à Bachar al Assad coopèrent avec les combattants de Daech dans la partie occidentale de la ville pour mener des assauts contre les rebelles modérés.
avec Reuters et LeFigaro