Le Parlement turc pourrait voter un projet de loi qui offrirait des exemptions fiscales pour des producteurs de film désirant tourner en Anatolie. Cette avancée législative intervient alors que plusieurs sociétés de production d’Hollywood ont exprimé leur intérêt quant à tourner en Turquie.

Le projet de loi porté par le ministre turc du Tourisme Ertugrul Gunay vise à inciter les sociétés de productions à venir travailler en Turquie. Les fonctionnaires de son ministère préparent le projet qui devrait passer devant le Parlement en novembre.

Emrah Yücel qui a conçu des affiches pour des films comme « Ce que les femmes veulent », « 28 Jours », « 24 Heures » et les sites web de grands noms d’Hollywood comme Mel Gibson, Tom Hanks, Kirk Douglas et Hélène Hunt s’est exprimé à ce sujet dans une interview au quotidien turc Zaman : « Bien sûr, les avantages fiscaux arrivent après que le scénario soit approuvé. Après tout, quand les gens veulent faire un film, vous ne pouvez pas les arrêter. Seulement deux ou trois minutes de « Midnight Expres » ont été filmées en Turquie. Par exemple, il y a un film sur un histoire d’amour qui a lieu en 1905 pendant l’ère Ottomane. Le scénario parle du prétendu génocide arménien. Que disent les cinéastes ? « Nous ne voulons pas parler des allégations de génocide, nous voulons montrer ce qui est arrivé vraiment ». Bien sûr nous voulons d’eux qu’ils parlent de l’histoire avec exactitude. Dans un sens, c’est un peu comme du lobbying. Si nous avions traité de la question arménienne plus raisonnablement à Hollywood, peut-être nous ne serions pas parvenus à ce point. Les Américains ont fait le film "Ararat" [Film écrit et réalisé par Atom Egoyan, réalisateur arménien proche des milieux anti-turcs] à propos des questions arméniennes, mais la Turquie n’a jamais produit de film sur sa propre réalité. C’est notre propre faiblesse ».

Une faiblesse qui jusqu’à aujourd’hui a laissé le champs libre à la propagande nationaliste arménienne sur le grand écran à propos des événements de 1914-1922.

Les événements de 1914-1922

Des affrontements inter-ethniques et des déplacements forcés de populations en Anatolie orientale, entre 1914 et 1922, ont fait plusieurs centaines de milliers de morts parmis les Turcs et les Arméniens. L’Empire ottoman était alors engagé dans la Première Guerre Mondiale aux côtés de l’Allemagne et de l’Empire Austro-Hongrois. Dès 1914, des Arméniens ottomans ont massivement pris le parti des Russes, contre les Turcs, se livrant à des massacres de masse et à des pillages dans l’est de l’Anatolie. A la suite de ces événements, le gouvernement ottoman décida d’éloigner une partie de la population arménienne des zones de front et à risque. Ce transfert se solda par un lourd bilan humain.

La Turquie et de nombreux historiens rejettent catégoriquement la thèse controversée d’un "génocide" que le gouvernement ottoman aurait perpétré contre la population arménienne de l’Empire. Cette thèse, défendue par les nationalistes arméniens, est aujourd’hui instrumentalisée afin d’exercer des pressions politiques sur la Turquie, notamment pour entraver la perspective de son adhésion à l’Union Européenne.