Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu s’est entretenu à Damas avec les représentants du gouvernement syrien six heures sans interruption, dont deux passées personnellement avec le président syrien Bachar al-Assad. Le ministre a transmis le "message sévère" du premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, écrit jeudi le quotidien Izvestia. Les principales exigences sont la cessation des actions de force contre la population civile et l’annonce de la date précise des élections parlementaires. Dans le cas contraire, Ankara a menacé de prendre des mesures extrêmes : déclarer l’illégitimité du dirigeant syrien, comme c’était le cas de Mouammar Kadhafi.
Les conditions de "l’ultimatum" ont été certainement convenues avec les Etats-Unis. Quoi qu’il en soit, le département d’Etat américain soutient cette mission.
L’envoyé turc a également expliqué qu’en cas de poursuite des répressions le plan d’ingérence de l’OTAN dans les affaires syriennes serait mis en œuvre.
Al-Assad a calmement écouté le "dernier avertissement turc" et a recommandé de ne pas d’ingérer dans les affaires internes de son pays. "Si vous voulez la guerre, vous l’aurez. Et ce sera dans toute la région", écrit la presse libanaise en citant les propos du président syrien.
Diaporama : Le sang coule en Syrie
La réaction en Turquie à la visite du ministre des Affaires étrangères en Syrie a été curieuse. Par exemple, divers médias ont rapporté qu’Ankara ne comptait pas particulièrement sur le succès de la mission de Davutoglu. La veille, une réunion des dirigeants des départements de sécurité avec le premier ministre Erdogan s’est tenue dans la capitale turque. Il y était question de la préparation des opérations militaires dans le Nord de la Syrie. On y discutait également des mesures de pression politique, économique et militaire sur le régime syrien. Il est à noter que l’ambassadeur américain a été immédiatement informé des résultats.
Il n’est pas exclu que les Turcs aient décidé de profiter de la situation pour attaquer les Kurdes habitant au Nord et Nord-Est de la Syrie. Plus précisément, les organisations extrémistes qui agissent à partir de cette région.
Auparavant Ankara n’avait pas de problèmes particuliers : Bachar al-Assad et ses services spéciaux contrôlaient efficacement ces territoires et empêchaient les Kurdes de renforcer la pression militaire sur la Turquie. Désormais, la situation a changé : les forces de l’ordre syriennes sont utilisées à d’autres fins. Ils attaquent Hama et d’autres bastions de l’opposition. Ils ne se préoccupent pas des dissidents kurdes, dont l’activité s’étend sur le territoire turc.
Source : Voix de la Russie