La Turquie a inauguré mardi 29 octobre, le jour du 90e anniversaire de la République turque le premier tunnel ferroviaire sous le Bosphore. Reliant les rives asiatique et européenne d’Istanbul.

Baptisé le « chantier du siècle », le Marmaray relie désormais en quatre minutes seulement les deux continents séparés par le détroit du Bosphore dans la mer de Marmara. Le coût total de ce projet de tunnel formé d’un double tube de 14 kilomètres et immergé à 62 mètres sous le lit du Bosphore, est évalué à trois milliards d’euros (3,71 milliards de francs).

Avec cet ouvrage, relié à terme à 75 kilomètres de voies ferrées, les autorités veulent réduire les inconvénients auxquels doivent faire face chaque jour deux millions de Stambouliotes qui traversent le Bosphore sur ses deux ponts toujours saturés.

Rêve vieux de 150 ans

Il a fallu attendre neuf ans depuis le premier coup de pioche pour que le projet voie le jour. Les travaux devaient initialement être achevés en quatre ans, mais ont été longtemps suspendus par la découverte d’une série de trésors archéologiques. Et Marmaray ne sera pas opérationnel à 100% immédiatement : il faudra attendre 2016 pour que le chantier soit entièrement terminé.

« Marmaray qui était un rêve pendant 150 ans est finalement devenu une réalité », a déclaré le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Il s’exprimait devant une foule compacte de plusieurs milliers de stambouliotes venus l’acclamer sur la place d’Üsküdar, située sur la partie asiatique d’Istanbul. Une prière a été lue par le premier mufti de Turquie avant la mise en service du tunnel.

L’idée de percer un tunnel sous le Bosphore a été évoquée pour la première fois en 1860 par un sultan ottoman, Abdulmedjid. Mais faute de technique et de fonds suffisants, elle ne s’était jamais concrétisée.

Le projet a été relancé dans les années 1990 avec l’explosion démographique d’Istanbul, dont la population a doublé depuis 1998 pour dépasser 15 millions d’habitants.

Grâce à l’appui financier de la Banque du Japon pour la coopération internationale puis de la Banque européenne d’investissement (BEI), le premier coup de pioche a été donné en mai 2004 par un consortium d’entreprises turques et japonaises.

Le journal turc « Huriyyet » indique que le président turc Abdullah Gül, Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, et des responsables du gouvernement et de l’Etat turc, des parlementaires, ainsi que le Premier ministre japonais Shinzo Abe, président somalien Sheikh Hasan Mahmoud, et le Premier ministre roumain Victor Ponta ont participé dans l’événement.

Le Premier ministre du Japon a proposé la création d’une voie de chemin de fer à grande vitesse au départ de Tokyo à Istanbul.

M. Erdogan a déclaré la possibilité de mettre en œuvre non seulement le chemin de fer Tokyo - Istanbul, mais Tokyo - Istanbul - Londres. Il a également noté que le tunnel « Marmaray » n’est pas seulement un projet du siècle, un projet des siècles. M. Erdogan a déclaré que le projet « Marmaray » est important pour l’économie de la région et du monde.

Contestation de milliers d’opposants

Marmaray figure parmi les méga-projets urbains souvent contestés qui ont nourri la fronde antigouvernementale de juin et les détracteurs d’Erdogan l’accusent d’avoir précipité l’inauguration de ce mardi dans la perspective des élections municipales de mars 2014.

Ainsi, au moment de la cérémonie d’inauguration, la police a dispersé par gaz lacrymogène un rassemblement de milliers d’opposants dans le quartier européen de Beyoglu, à quinze kilomètres de là. Elle a aussi procédé à plusieurs interpellations , selon un photographe de l’AFP.

A Ankara, des dizaines de milliers de personnes rassemblées sur une place centrale pour le jour de la République ont conspué le gouvernement « fasciste » turc, ont indiqué des témoins à l’AFP.

Source : ATS / AFP / Newsnet / APA