La Turquie discute avec l’Otan d’un éventuel déploiement de batteries de missiles sol-air et antimissiles Patriot sur son sol, dans un contexte d’aggravation du conflit chez le voisin syrien, a indiqué mercredi à l’AFP le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères.
Cette question (des Patriots) arrive également à l’ordre du jour dans le cadre de délibérations, de préparatifs et de la planification d’urgence sur la sécurité de la Turquie et des territoires de l’OTAN, a déclaré le porte-parole Selçuk Ünal.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a toutefois souligné, lors d’un déplacement en Indonésie, qu’aucune requête n’a jusque-là été déposée concernant un tel déploiement, a rapporté la chaîne d’information télévisées NTV.
Un responsable de l’Otan à Bruxelles a également indiqué : à ce point, nous ne sommes pas au courant d’une quelconque requête de la Turquie.
La Turquie a renforcé ces derniers mois son dispositif de sécurité à la frontière syrienne en déployant des chars et des batteries de missiles antiaériens à courte portée.
Le conflit entre l’armée et les rebelles en Syrie a donné lieu à des chutes d’obus syriens en territoire turc, l’un d’eux tuant cinq personnes dans un village turc le 3 octobre.
Le soir même, Ankara, membre de l’Otan, obtenait la tenue à Bruxelles d’une réunion d’urgence de l’Alliance, au cours de laquelle les participants ont condamné avec force cet acte agressif syrien.
Depuis cet incident, l’artillerie turque riposte à chaque chute d’obus de son côté de la frontière.
Le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, avait, lui, souligné le 10 octobre que la Turquie peut compter sur (la) solidarité de ses alliés.
Un diplomate turc contacté par l’AFP a cependant qualifié de conclusion hative l’établissement d’un lien entre le possible déploiement de Patriots et la crise syrienne, soulignant que la demande de Patriots faisait partie des plans de la Turquie pour renforcer son système de défense anti-aérienne.
Le quotidien turc Milliyet a, lui, fait état mercredi de discussions en cours entre la Turquie et les Etats-Unis concernant la possibilité de déployer des missikes Patriots en Turquie, le long de la frontière syrienne, pour imposer une zone d’interdiction de survol de 60 km de profondeur en territoire syrien.
L’objectif serait d’empêcher les bombardements par l’aviation syrienne des villes et villages situés entre la frontière turque et la ville syrienne d’Alep (nord).
Les Etats-Unis seraient favorables à cette option à condition que les soldats américains et turcs n’interviennent pas directement en Syrie.
Les responsables turcs ont refusé de s’exprimer sur ces affirmations en l’absence du ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, en visite à Bruxelles pour des entretiens avec des représentants de l’Union européenne.
La Turquie, qui accueille quelque 112.000 réfugiés syriens et a pris partie en faveur des insurgés syriens, a plaidé à plusieurs reprises en faveur de la création d’une zone tampon en territoire syrien pouvant accueillir les populations syriennes déplacées.
AFP