La Turquie, qui aurait facilité l’approvisionnement en armes des djihadistes de l’État islamique en Syrie, doit aujourd’hui afficher une position plus nuancée face à l’offensive du groupe terroriste.
« L’organisation que vous appelez l’État islamique peut être vue comme une structure radicale et terrorisante, mais il y a des Turcs, des Arabes et des Kurdes dedans. Les mécontentements du passé ont provoqué une large réaction. (…) Si les Arabes sunnites n’avaient pas été exclus en Irak, il n’y aurait pas une telle accumulation de colère. » Le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu se livrait le 7 août dernier à un exercice difficile pour éviter de condamner ouvertement l’État islamique et de le désigner comme une organisation terroriste. Sa déclaration sur la chaîne NTV, qui a été perçue par certains chroniqueurs comme une tentative de légitimation des djihadistes, révélait le malaise d’Ankara.
Officiellement niées, « les facilités » - pour le passage des frontières ou pour l’approvisionnement en armes - que la Turquie aurait procurées aux groupes opposants, dont les djihadistes de l’État islamique, en Syrie ne sont plus un secret.
La prise de Mossoul, la tragédie humaine des yazidis au mont Sinjar et la menace que représente l’EI pour les régions pétrolières du Kurdistan irakien ont forcé la Turquie à faire face au mouvement dont elle a favorisé l’essor.
« La Turquie n’aurait jamais voulu avoir à faire à un fléau comme les groupes qui ont une affiliation avec al-Qaida. Comme les autres pays membres de la coalition, elle a considéré comme “frère” tous ceux qui pourraient renverser le régime syrien, sans distinction », explique Fehim Tastekin, journaliste à Radikal. « Depuis 2012, Ankara a aussi mené une politique de soutien aux groupes qui combattaient les Kurdes syriens du PYD, affilié au PKK, pour empêcher la création d’une entité kurde en Syrie. Qui faisait la guerre contre le PYD ? L’Armée syrienne libre, le Front Nosra et l’État islamique. Tant qu’ils empêchaient les Kurdes de contrôler cette zone, il n’y avait aucun problème pour la Turquie. »
[( « La Turquie n’aurait jamais voulu avoir à faire à un fléau comme les groupes qui ont une affiliation avec al-Qaida. Comme les autres pays membres de la coalition, elle a considéré comme “frère” tous ceux qui pourraient renverser le régime syrien, sans distinction. »
Fehim Tastekin, journaliste à Radikal )]
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