HONGROIS & TURCS

HONGROIS & TURCS
La Hongrie est fondée à la fin du 9e siècle par le prince et commandant militaire Árpád (Árpád provient du hongrois árpa -signifiant orge-, mot d’origine turque). Son arrière-petit-fils Étienne 1er, en l’an 1000, convertit le pays au catholicisme.
De tous temps, les Hongrois se sont intéressés à leurs origines. Habitant au coeur de l’Europe, ils ont toujours eu la conscience aiguë d’être différents : ni Slaves, ni Latins, ni Germaniques.
Parmi les diverses théories échafaudées, l’une d’elles théorise des origines steppiques avec les peuples turciques. En effet, le professeur d’université Tibor Török et son équipe étudient la génétique de leurs ancêtres à l’université de Szeged. Ils sont arrivés à la conclusion que les conquérants hongrois sont en partie originaires des Huns. Maintes fois, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán s’est enorgueilli : « Nous sommes tous descendants des enfants d Attila ». A ce propos, les noms hunniques tels qu’« Attila » (le plus grand des chefs hunniques) et « Réka » (une reine hunnique) sont encore très populaires en Hongrie.
En 1986, lors d’une mission ethnographique en Chine, l’ethnologue budapestois Istvan Kiszely rencontre Ginxingis, une femme ouïgoure du Xinjiang. Emu, il raconte : « Je l’ai entendue chanter de très anciens chants hongrois, je n’en ai pas cru mes oreilles. A mon tour, j’ai entonné un très vieux chant et elle l’a poursuivi. Comme une Hongroise. » ! Istvan Kiszely reprend les fouilles archéologiques chez les Ouïghours. « J’ai excavé 1.200 tombes ; les personnes enterrées-là étaient les mêmes que celles arrivées dans le bassin des Carpates », affirme-t-il. « Dans ces tombes, nous avons effectivement découvert les mêmes objets que ceux avec lesquels nos ancêtres étaient enterrés : masques mortuaires, harnais de chevaux, bijoux en argent des femmes. ». Pour Kiszely, il ne fait aucun doute que les Hongrois descendent bien des Ouigours, peuple turc qui entama sa migration vers l’ouest au début de notre ère et dont quelques milliers vivent encore au Xinjiang. « Ce sont les Autrichiens qui, à la fin du XIXe siècle, ont voulu nous couper de notre histoire ancienne en nous décrétant finno-ougriens », affirme-t-il.
Toutefois, l’historien François Fejtö complète : « Les Hongrois sont l’un des peuples les plus mélangés, avec des éléments turcs, tartares, mongols, persans, etc. ».
Le nom des Hongrois vient très probablement des Onoğurs, peuple turcophone du nord de la mer Noire que les tribus magyares rencontrèrent et assimilèrent au 9e siècle en Etelköz, à la veille de s’installer dans la grande plaine hongroise.
Pour les peuples turciques, il ne fait aucun doute que la Hongrie est un pays frère sur le plan ethnique. János Hóvári, ancien ambassadeur de Hongrie à Ankara explique clairement : « Les peuples turciques nous considèrent comme des membres de leur famille étendue : les Hongrois sont pour eux une branche du même arbre, une branche occidentale, tombée loin du tronc, mais à l’origine d’un peuple couronné de succès. »
En 2012, au coeur de la campagne magyare, des dizaines de milliers de Hongrois ont rencontré leurs cousins éloignés issus d’une vingtaine de peuples de l’Asie et du Caucase lors du Grand Kurultay, un festival culturel turcique. Tous se disent descendants des Huns. Le vice-président du parlement, Sandor Lezsak, qui est élu de Bugac a fièrement clamé : « La réunion des peuple à l’esprit hun et turc est un trésor que nous devons préserver ».
Depuis 2018, la Hongrie est un État observateur au sein de L’Organisation des États turciques qui regroupe la Turquie, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan.
Précisons que le hongrois est une langue agglutinante, comme le turc…