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Forces et faiblesses de l’AKP de Recep Tayyip Erdogan

Publié le | par Hakan | Nombre de visite 435

Le Parti pour la justice et le développement, AKP (Adalet ve Kalkinma Partisi), parti islamo-conservateur fondé en août 2001, est au pouvoir en Turquie depuis 2002. Son président, Recep Tayyip Erdogan, est premier ministre de la Turquie depuis mars 2003.

L’AKP, qui devrait remporter les élections législatives qui auront lieu dimanche 12 juin en Turquie, présente un bilan contrasté après deux mandats.

LES "PLUS"

La stabilité. Au pouvoir depuis novembre 2002, le gouvernement AKP a déjà une longévité record depuis Adnan Menderes dans les années 1950. Déchirée par des coalitions instables et des gouvernements éphémères, la Turquie a enfin pu se stabiliser politiquement et économiquement.

L’organisation du parti. L’AKP est issu de l’Islam politique turc. En 2001, l’aile réformiste du mouvement islamiste crée l’AKP autour de Recep Tayyip Erdogan. Formation moderne, organisée de manière efficace, l’AKP prône une "démocratie conservatrice" sur le modèle de la démocratie chrétienne allemande. Fort de 5 millions de militants et d’un lien fort avec son électorat, le parti est une machine de guerre taillée pour les campagnes électorales.

Le charisme du chef. Leader populaire en Turquie et dans tout le Moyen-Orient, M. Erdogan fascine par son charisme et son sens du contact avec le petit peuple anatolien. Issu d’un quartier populaire d’Istanbul, Kasimpacha, gouailleur et colérique, le premier ministre cultive des manières rustres et le franc-parler des faubourgs malfamés dans lesquels il a grandi.

Le bilan économique. L’économie turque, en faillite en 2001, est devenue, dix ans plus tard, la 16e économie mondiale, faisant son entrée dans le G20. Le premier ministre vise le "top 10" d’ici 2023. Le revenu par habitant a plus que triplé en une décennie. La Turquie a connu une croissance de 8,9% en 2010. Depuis que l’AKP est au pouvoir, l’urbanisation et l’émergence d’une nouvelle classe moyenne, se sont accélérées.

Le développement des équipements publics. Des milliers de kilomètres de routes, des aéroports et des lignes ferroviaires rapides, quelque 450 000 logements sociaux, des dizaines d’hôpitaux et des centaines d’écoles, des barrages, des centrales énergétiques… Les infrastructures et les services se sont considérablement développés en quelques années.

La mise au pas des militaires. Auteur de quatre coups d’Etat depuis 1960, l’armée turque est rentrée dans ses casernes. Après être passé près d’un nouveau renversement, en 2008, le gouvernement turc a modifié les équilibres institutionnels au profit du pouvoir civil, mettant fin à la tutelle militaire sur la présidence de la république, les cours de justice, le conseil de sécurité national et les services secrets.

Une nouvelle puissance émergente. En quelques années, la Turquie s’est imposée sur la scène internationale. Grâce à une diplomatie offensive, elle a désormais son mot à dire dans le concert des grandes nations et occupe une position charnière dans un Moyen-Orient en pleine recomposition. L’influence turque se diffuse tout autour de la Méditerranée.

LES "MOINS"

L’usure du pouvoir. L’AKP est arrivé au pouvoir comme le parti des "sans grade". Mais après plus de huit ans à la tête du pays, il s’est installé comme le parti de l’establishment. Le goût de ses représentants pour le pouvoir les ont éloignés de leur électorat.

L’autoritarisme de M. Erdogan. Le mode de gestion autoritaire du premier ministre est son principal point faible. D’un tempérament ombrageux, le premier ministre gouverne à coups de diatribes et de menaces contre ses opposants et ceux qui osent le critiquer. Les journalistes en font régulièrement les frais. Le premier ministre réclame deux ans de prison contre Ahmet Altan, directeur du journal Taraf, qui l’avait qualifié d’"autocrate".

Un puritanisme décomplexé. En 8 ans, l’AKP n’a voté aucune loi à caractère religieux. Mais les références à la religion parsèment ses messages politiques. La religion est utilisée comme ciment social. Sans légiférer, il a autorisé les étudiantes voilées à entrer couvertes dans les universités. L’AKP a "encadré" la consommation d’alcool et tenté d’en interdire la vente aux moins de 24 ans. Aux femmes, le premier ministre répète qu’"il faut faire trois enfants".

La corruption. C’est le principal sujet que la presse turque ne peut pas aborder. La corruption n’est pas l’apanage de l’AKP en Turquie. Mais les sommes en jeu sont considérables. L’affaire Deniz Feneri, du nom d’une fondation caritative turque basée en Allemagne, soupçonnée d’avoir servi de caisse noire au parti au pouvoir, a été étouffée.

La montée du chômage et des inégalités. L’AKP s’est attiré la colère des jeunes, des étudiants, des syndicats, des Kurdes, des alaouites (alévis)… La croissance économique n’a pas compensé la montée du chômage, notamment chez les jeunes et en milieu urbain, ainsi que la progression des inégalités sociales et la forte augmentation du coût de la vie.

L’abandon de la perspective européenne. L’euphorie de décembre 2004 semble loin. Erdogan était rentré de Bruxelles en héros, après avoir obtenu l’ouverture des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE. Sept ans plus tard, les réformes sont arrêtées et la perspective européenne ne fait plus rêver les Turcs. Le refus répété d’une adhésion, notamment par la France et l’Allemagne, a mis la Turquie sur la défensive, l’incitant à développer ses partenariats avec les grands pays émergents (Russie, Chine...).

Des relations tendues avec Israël. Autrefois alliés proches au Moyen-Orient, la Turquie et Israël vivent des relations tumultueuses depuis deux ans. L’attaque israélienne contre Gaza en 2009, puis l’épisode de la flottille, soutenue par la Turquie, en 2010, ont éloigné les deux pays et la Turquie a perdu une carte importante dans son jeu diplomatique.

Guillaume Perrier pour Le Monde


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