Par Aviso Cdt Ducuing
Arrivé potron-minet le 23 avril dans le détroit des Dardanelles, l’aviso Commandant Ducuing avait rendez-vous avec l’histoire pour les commémorations de la bataille éponyme. Quatre-vingt-quinze ans après le conflit naval et terrestre qui opposa l’empire ottoman aux forces alliées, les 90 hommes et femmes de l’équipage voulaient se remémorer les événements douloureux de « la première bataille navale du XX siècle. »
Commémoration de la bataille des Dardanelles en Turquie
En effet, le 18 mars 1915, dans les lueurs du levant, les cuirassés français Bouvet et Suffren sombraient au large de Canakkale. Le premier atteint par une mine dérivante, le second sous les obus des défenses turques. Cet engagement de navires français dans une bataille navale trouvait son origine dans les liens qui unissaient la France, la Russie et l’Angleterre au sein de la triple Entente. A l’époque l’empire ottoman s’étendait de part et d’autre du Bosphore et régnait puissamment sur toute l’Europe orientale. En 1914, les russes déclarent la guerre à cet empire aux terres pétrolifères. Fin 1914, les britanniques dans un souci stratégique de maîtriser la mer de Marmara et de prendre Istanbul, décident de forcer le passage des Dardanelles entre la partie asiatique de la Turquie et la presqu’île de Gallipoli. La flotte française commandée par l’amiral Guépratte envoie quatre cuirassés alors placés sous le commandement de son allié britannique. La stratégie était simple : s’engouffrer dans le détroit des Dardanelles et se diriger vers Istanbul. Mal déminé et protégé par de solides positions défensives, le détroit des Dardanelles se révèle rapidement infranchissable.
En mars 1915, six cuirassés alliés sombrent dans les eaux des Dardanelles et la tentative d’infiltration navale est annulée. Winston Churchill, premier Lord de l’Amirauté, décide alors de poursuivre cette offensive par un débarquement terrestre en avril 1915. Accompagnés de nombreuses troupes du Commonwealth, plusieurs régiments français se joignent à ces débarquements et se heurtent de nouveau à une farouche défense ottomane. Impuissantes, les troupes franco-britanniques sont évacuées de décembre 1915 à janvier 1916. Cet épisode de la première guerre mondiale laissa 250 000 morts du côté des alliés pour 210 000 morts côté ottoman.
Le « Commandant Ducuing » ne venait pas seulement commémorer les événements d’antan mais surtout signifier qu’après moins d’un siècle les plaies étaient pansées. Unique bâtiment étranger présent, l’aviso varois a participé ainsi avec la marine turque à une revue navale devant Abdullah Güll, le président turc.
Parallèlement, une partie de l’équipage se réunissait autour du monument au mort du cimetière français de Gallipoli. L’ambassadeur de France en Turquie, son Excellence Bernard Emié présidait cet hommage. A ses côtés, des personnalités de divers pays dont le premier ministre néo-zélandais s’étaient jointes au représentant français pour la dépose d’une gerbe. Cette escale à Canakkale et la participation aux commémorations ont permis à l’équipage de découvrir un conflit souvent méconnu.
Source Ministère de la défense