Le rapporteur de l’ONU sur les violences faites aux femmes a exhorté mercredi la Turquie à revenir sur sa décision de renoncer à un traité européen de lutte contre les abus sexistes, a rapporté l’Agence France-Presse.
Reem Alsalem a exprimé ses « profonds regrets » face à la décision du président Recep Tayyip Erdoğan l’année dernière de quitter un traité que la Turquie était fière d’avoir aidé à rédiger il y a plus de dix ans.
Le traité – désormais promulgué par des dizaines de pays européens – oblige les États membres à adopter une législation qui punit strictement la violence domestique et la violence sexiste.
Alsalem a déclaré à la fin d’une mission exploratoire en Turquie que le gouvernement d’Erdoğan avait apporté un certain nombre d’améliorations à sa législation sur la violence à l’égard des femmes au cours des dernières années.
Mais elle a déclaré que les responsables des droits turcs craignaient que "le retrait ne crée une confusion sur la protection des femmes".
"J’exhorte vraiment le gouvernement turc à reconsidérer cette décision", a déclaré Alsalem aux journalistes.
La Turquie est devenue le premier pays à signer la convention en 2011 et l’a ratifiée par un vote au parlement l’année suivante.
Ses partisans ont fait valoir qu’Erdoğan n’avait pas le droit de publier un décret présidentiel annulant un accord international approuvé par les législateurs.
Des groupes de défense des droits des femmes ont tenté de contester la décision d’Erdoğan devant le plus haut tribunal administratif de Turquie, mais le tribunal a statué trois contre deux ce mois-ci que la décision d’un président ne pouvait pas faire l’objet d’un examen juridique.
Les deux juges dissidents ont déclaré séparément que les actions d’Erdoğan avaient outrepassé ses limites légales.
Alsalem a déclaré que les meilleures données disponibles montraient que plus de 300 femmes avaient été assassinées en Turquie l’année dernière.
« Ces données ne sont pas systématiquement collectées. Il n’est pas exhaustif. Cela n’inclut pas certaines formes spécifiques de violence », a-t-elle déclaré.
« La Turquie est très bien placée pour créer un observatoire de collecte de données sur les meurtres liés au genre. J’invite les autorités à compléter les données dont elles disposent avec celles dont disposent les groupes de la société civile.