par Ismet Berkan

On a appris par Condoleezza Rice qu’Erdoğan aurait un plan non seulement pour lutter contre le terrorisme mais aussi pour résoudre le "problème kurde". C’est un sujet extrêmement sensible ; et si on veut une « solution », les discussions doivent commencer.

Depuis des jours, on discute pour savoir si le Premier Ministre Recep Tayyip Erdoğan cache quelque chose ou non. En fait, il lance, volontairement ou non, des sous-entendus dans son discours, mais il réussit à ne pas en divulguer plus.

Vous le savez, c’est Rice, secrétaire d’Etat américain, qui a déclaré que le Premier Ministre Erdoğan avait un « plan détaillé » non seulement contre le terrorisme mais aussi contre le "problème kurde" tout entier.

Le Premier Ministre a discuté de ce problème avec le Président américain Bush. Maintenant, il y a de fortes chances que ce plan ait été dévoilé par les Américains aux leaders kurdes du Nord de l’Irak. Et de fortes chances aussi que des détails du plan aient été transmis aux leaders du PKK qui se cachent au Mont Kandil.

C’est-à-dire que tout le monde, sauf le peuple turc, est au courant du « plan de résolution » qui aurait été préparé par le gouvernement turc.

J’ose espérer qu’un jour, nous aussi serons tenus au courant des détails de ce plan.

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En parlant de détails, il est temps de faire une analyse chronologique de certaines paroles du Premier Ministre. En effet, grâce à cette analyse, nous pourrons émettre des hypothèses sur certaines parties de ce plan.

Dans sa dernière déclaration, à l’aéroport, à son retour de Bakou dans la nuit de samedi, le Premier Ministre Erdoğan a déclaré à propos des membres du PKK : « Soit ils garderont les armes et resteront dans les montagnes, soit ils les déposeront, descendront en ville, et feront de la politique. »

Doit-on conclure par ces paroles que la « politisation du PKK » ne poserait pas autant de problème qu’autrefois « devant l’Etat », qu’on montre ainsi une sortie « civile » et « politique » au PKK ?

Revenons quelques jours en arrière. Le général Ilker Başbuğ, chef de l’Armée de Terre, lors d’une réception à l’Ambassade de Turquie de Chypre à Ankara, a parlé aux journalistes de mesures qui allaient dissoudre les groupes armés du PKK et leur permettre de quitter leurs montagnes.

Quelles sont ces mesures ou quelles peuvent-elles être ? L’une d’elles, la première, celle qu’on évoque depuis des années, serait une « amnistie générale ». Quant à la seconde, qui aurait des conséquences semblables à celles de l’amnistie mais qui ne serait pas une « loi de repentir », ce serait une loi de véritable « retour au bercail ».

Le même général Ilker Başbuğ, alors qu’il était encore numéro deux de l’état-major de l’Armée, avait évoqué devant les journalistes ces « mesures » propres à dissoudre les groupes montagnards du PKK. En tête de ces mesures venait le fait que les activistes du PKK qui n’auraient pas encore commis de crime ne soient poursuivis d’aucune façon lors de leur retour au pays. Car à cette époque, on pensait que 3 sur 5 des membres des groupes armés avaient rejoint le PKK après 1999 et donc qu’il sagisssait de personnes qui n’avaient pas tiré sur les forces de l’ordre turques. Mais aujourd’hui, la situation a changé.

Maintenant, voici la question : le gouvernement va-t-il pouvoir mener jusqu’au bout un « plan détaillé » qu’il n’ose pas révéler à l’opinion publique turque ? Et même, posons la question autrement : est-ce que tout le gouvernement, et tout l’AKP, soutient et continuera à soutenir le « plan » préparé par le Premier Ministre ?

C’est justement parce que ces questions se posent que le plan n’est pas révélé à l’opinion publique. Car ce sont des questions dont les réponses peuvent faire naître l’inquiétude.

D’un autre côté, même si le gouvernement et l’AKP soutiennent sans réserve le Premier Ministre Erdoğan, le parti doit s’attendre à une lutte difficile en matière de politique intérieure, car il est très probable que ce plan ne conviendra pas à l’opposition, que le MHP et peut-être même le CHP accuseront le gouvernement de « traîtrise envers la patrie ».

Il existe un autre facteur : les forces armées. Est-ce que le commandement des forces armées est au courant de ce plan qu’ en tête le Premier Ministre ? Très probablement, oui. Dans ce cas, que pensent les militaires de ce « plan détaillé » et en particulier du conseil donné au PKK de venir faire de la politique ?

La Turquie est vraiment entré dans un processus très intéressant et très important concernant le "problème kurde". Maintenant, la priorité c’est que le Premier Ministre dévoile au peuple le plan qu’il a en tête.

Source : Radikal, le 19/11/2007
Traduit Turquie News