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Turquie : l’inauguration du nouvel aéroport d’Istanbul

Publié le | par Hakan | Nombre de visite 685
Turquie : l'inauguration du nouvel aéroport d'Istanbul

Le 29 octobre, jour de fête nationale en Turquie, le président Erdogan inaugurera un projet pharaonique, qu’il avait lui-même commandé : le nouvel aéroport d’Istanbul, appelé à devenir le plus grand du monde. Depuis le début des travaux menés à marche forcée, le projet ne manque pas de détracteurs, qui dénoncent une infrastructure démesurée et une catastrophe écologique.

Quiconque s’envole ces derniers jours à bord d’un avion de Turkish Airlines, la compagnie nationale turque, est prié de regarder un petit film publicitaire. En turc puis en anglais, les passagers découvrent le nouvel aéroport d’Istanbul : il comptera à terme six pistes dont pourront décoller, chaque année, 200 millions de voyageurs. Ce sera le plus grand du monde.

Pour Orhan Demir, spécialiste des transports, juge le projet démesuré : « Regardez les aéroports des grandes villes du monde… Londres Heathrow, Pékin, Paris, Moscou… Leur trafic ne dépasse pas 90 millions de passagers. En l’état actuel de l’aviation, vous ne pouvez pas étirer indéfiniment la capacité d’un aéroport, au sens du nombre d’appareils qui peuvent décoller et atterrir en même temps. Ce n’est pas un hasard si Londres ou Moscou ont trois ou quatre aéroports internationaux, et non pas un seul aéroport d’une capacité de 150 ou 200 millions de passagers… »

Selon ce spécialiste, non seulement les autorités turques ont vu beaucoup trop grand, elles ont aussi agi trop tôt.

Conséquences sur l’environnement

Des arbres s’étendaient ainsi sur près de 80 % du terrain où le nouvel aéroport sort de terre depuis mai 2015. Et il n’y avait pas que des arbres, s’insurge l’urbaniste Ayse Yikici, membre de l’Association de défense des forêts du nord d’Istanbul : « C’étaient des terres agricoles incroyablement fertiles, des réserves d’eau potable, une faune extraordinaire… Bref, un véritable écosystème. Voilà ce qu’on a détruit et les conséquences sont déjà visibles. Sans parler des effondrements de terrain sur le chantier – au moins trois depuis le début – puisqu’on a quand même été construire un aéroport géant sur un sol friable. »

Pour les forêts du nord d’Istanbul, il semble qu’il soit déjà trop tard. Le nouvel aéroport sera inauguré ce 29 octobre, jour de fête nationale, par Recep Tayyip Erdogan en personne.

Une inauguration « au détriment de la sécurité »

Initialement, l’infrastructure devait être opérationnelle à cette date, avec une capacité de départ de 90 millions de passagers par an. En réalité, elle ne le sera sauf nouveau retard – qu’au 31 décembre. Fin octobre, la compagnie Turkish Airlines ne lancera ainsi que cinq destinations au départ de la nouvelle piste : Izmir, Antalya, Ankara, Ercan en Chypre-Nord et Bakou en Azerbaïdjan.

Pour Nihat Demir, secrétaire général du syndicat du bâtiment Dev-Yapi Is, c’est une « folie » que d’inaugurer un tel projet un peu plus de trois ans après le début des travaux : « Il était évident que l’aéroport ne serait pas prêt le 29 octobre. Mais au lieu de faire les choses comme il faut, on force les ouvriers à travailler dans l’urgence. Par exemple, lorsque vous coulez du béton, il faut attendre au moins une semaine pour qu’il sèche et se solidifie. Je peux vous garantir que sur le chantier de l’aéroport, on ne respecte pas cette durée, et c’est totalement illégal. Ce que cela veut dire, c’est qu’il y aura des risques d’effondrement. Le 29 octobre, ils vont inaugurer une piste uniquement pour la propagande, au détriment de la sécurité. »

L’infrastructure géante est toutefois loin d’avoir épuisé les polémiques, notamment celle qui pourrait éclater dès ce 29 octobre, lorsque sera dévoilé le nom du nouvel aéroport. Près de 300 000 internautes ont signé une pétition réclamant qu’il garde le nom d’Atatürk, fondateur de la République de Turquie. Recep Tayyip Erdogan pourrait en avoir décidé autrement.

Source : avec Rfi


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