Pour Euler Hermes, l’économie turque doit s’attendre à un atterrissage brutal
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"Il en faut plus pour rétablir la confiance des investisseurs". Dans son rapport sur l’économie turque, publié lundi 15 octobre 2018, l’assureur crédit Euler Hermes (2,56 mrds€ de chiffre d’affaire en 2017) tire la sonnette d’alarme. Le titre de l’audit, "atterrissage brutal à l’horizon", résume bien les difficultés auxquelles doit s’attendre ce pays plongé dans une crise, notamment monétaire, depuis août 2018.
La surchauffe de son économie s’est effectivement traduite par la chute de la livre turque imputable selon le rapport au "retrait continu de la liquidité mondiale résultant du resserrement monétaire en cours aux Etats-Unis, ainsi que d’erreurs de politique économique durables. En particulier, la banque centrale de la République turque n’a pas relevé ses taux d’intérêt à la fin du mois de juillet, malgré une inflation en hausse et une querelle politique avec les Etats-Unis qui a abouté à l’imposition de sanctions contre la Turquie".
De 4,4848 pour un dollar le 31 mai 2018, la livre turque atteignait les 6,3623 livres pour un dollar le 13 septembre 2018. Le rapport évalue, toujours dans son pire scénario, un taux de change de 7 livres pour un dollar en 2019 (6 livres dans le meilleur scénario). "La livre turque devrait se déprécier en moyenne de - 40% par rapport au dollar américain en 2018 et de - 37% en 2019", indique le rapport de la filiale d’Allianz.
Des réformes en retard
Même si "la hausse de 625 points de base des taux d’intérêt en septembre a calmé les marchés financiers à court terme", l’assureur crédit juge nécessaire "un resserrement budgétaire supplémentaire pour stabiliser l’économie à moyen-terme". Tout en notant que "le programme pour la nouvelle économie 2019-2021 du gouvernement turc va dans la bonne direction en mettant l’accent sur un rééquilibrage de l’économie", le rapport précise cependant que "la Turquie a toujours eu des réformes en retard et des écarts par rapport aux programmes économiques".
Pour Euler Hermes, le pays doit s’attendre à une croissance de seulement 3,3% du Produit intérieur brut (PIB) en 2018 et 0,4% en 2019 - selon le pire scénario qui aurait 70% de chances d’arriver - contre 7,4% en 2017. L’inflation flamberait à 16,4% en 2018 et 18% en 2019. "Le déficit du compte courant persistant, le talon d’Achille de longue date de la Turquie, s’est creusé davantage alors que les entrées de capitaux se sont affaiblies (...) Les dettes à court terme ont augmenté rapidement et ont dépassé les réserves officielles de change plus de deux fois depuis fin 2017", pointe l’auditeur.
Voir l’étude Euler Hermes sur l’économie turque
Source : avec EcoNostrum