Néanmoins, il est évident que des opérations en Irak, où le PKK possède des camps et près de 4000 militants, sont inévitables. Or, après l’avoir souhaité, le PKK redoute désormais une intervention turque en Irak. En effet, si le but des terroristes était d’attirer la Turquie dans le bourbier irakien et, comptant sur une solidarité nationaliste kurde, généraliser le conflit à une guerre ethnique entre Turcs et Kurdes, cette stratégie est en train d’échouer et se retourner contre eux.
D’une part, les États-Unis qui contrôlent la région qui abrite le PKK ont apporté leur soutien sinon concret du moins officiel à la Turquie, d’autre part le Président irakien d’origine kurde Jalal Talabani, influent dans la région kurde d’Irak, commence à se désolidariser du PKK, et se dit "prêt à coopérer avec Ankara". Ainsi, en voyage au Koweït, le Président Talabani a déclaré qu’une opération militaire turque était « presque certaine », mais qu’elle serait « limitée » et ne remettrait pas en cause les bonnes relations entre les deux pays.
Reste le soutien, au moins tacite, mais toujours effectif de Massoud Barzani (Président de l’autorité autonome kurde d’Irak) au PKK [1]. Malgré cela, les évolutions actuelles inquiètent logiquement l’organisation terroriste, pour qui le bastion irakien est vital. C’est dans ce cadre que le PKK a appelé ses membres, en cas d’intervention de la Turquie en Irak, à commettre des attentats, entre autres des attentats suicides, dans les grandes villes turques [2].
La stratégie du PKK d’affrontement direct avec la Turquie est donc sur une voie d’échec, et l’organisation terroriste revient à des tactiques plus « classiques » d’attentats dans les villes et contre les civils.