Retour sur un parcours atypique d’une jeune femme dynamique et ambitieuse.
Arrivée en France et précisément à VONNAS il y a déjà de nombreuses années Aynur, ne sachant pas parler le français décide de devenir actrice de sa vie. Après avoir eu 2 garçons, elle souhaitait être indépendante et ne pas compter sur son époux. Du coup, elle décide de passer son agrément pour devenir une assistante maternelle.
"Vous aimez les enfants et vous êtes à la recherche d’un emploi. Celui d’assistante maternelle est peut-être la solution. Trouver une solution de garde satisfaisante est un problème pour tous les jeunes parents. Les demandes étant, en général, supérieures à l’offre de services, les emplois sont assurés. C’est ce que j’ai choisi de faire comme métier."
Aynur ALKAN - Super Nanny d’origine turque
L’agrément une étape indispensable.
"Pour faire une demande d’agrément, il faut remplir un formulaire que l’on obtient en s’adressant soit au service départemental de protection maternelle et infantile (PMI), soit en contactant l’assistante sociale de son quartier ou le responsable de la petite enfance de sa commune. Il faut fournir les renseignements suivants : état civil, situation familiale, conditions matérielles de l’accueil (surface habitable, nombre de pièces, cour, jardin.), niveau d’études, expérience professionnelle antérieure, motivations, choix du type d’accueil proposé (permanent ou non) et nombre d’enfants que l’on souhaite accueillir. Pour moi, cela a été comme si je passais un diplôme officiel. Heureusement, je l’ai réussi et aujourd’hui j’exerce ce métier avec beaucoup d’amour."
Depuis combien de temps faites-vous ce travail et pourquoi avoir choisi celui-là plutôt qu’un autre ?
J’exerce maintenant depuis environ une dizaine d’années. Avant, j’étais mère au foyer et je m’occupais de mes deux enfants. Mais, ils ont grandi et aujourd’hui, ils n’ont plus vraiment besoin de moi. Je n’avais donc plus grand-chose à faire et le problème, c’est qu’il est difficile de trouver un emploi à mon âge, d’autant plus lorsqu’on n’a pas de diplôme . Or, la seule chose que je me sentais capable de faire, était garder et m’occuper d’enfants. C’est pour cela que j’ai pris la décision de devenir assistante maternelle.
Quelles sont vos tâches quotidiennes ?
Mon travail consiste à accueillir les enfants chez moi. Comme en crèche, les parents viennent déposer leurs enfants le matin et, selon les cas, je les fais petit déjeuner et je m’occupe des repas. Pendant la journée, je suis chargée de leur faire faire des activités d’éveil. VONNAS est une petite commune et il existe des parcs et les enfants peuvent en profiter.
Quelles sont les qualités requises pour ce type de profession ?
Selon moi, il faut avant toutes choses aimer les enfants. Ensuite, il est nécessaire d’être patiente et disponible, d’avoir du tact, de la douceur et également d’être affectueuse. Ceci parce qu’on a un peu un rôle de maman de substitution. Dans le travail, il faut aussi de la pédagogie et être capable de trouver des activités susceptibles d’éveiller les enfants. Et chez les turcs, les enfants sont une priorité dans le foyer. Encore plus lorsqu’ils sont confiés. Je ressens une grande confiance de la part des parents et une énorme responsabilité. Transmettre dès le plus jeune âge des valeurs qui me sont chers est un réel bonheur.
Comment réagisse les parents quant ils découvrent que vous êtes d’origine turque ?
Tout se passe bien en général avec une ambiance détendue. Mais parfois d’un coup, on peut me demander :"Mais comment va-t-on vous appeler ?" Un peu surprise, je réponds en général que les enfants m’appellent par mon prénom. Lorsque je reçois les parents chez moi, je dois leur demander des informations sur les enfants que je vais accueillir. Je veux que l’enfant se sente bien chez moi et que je respecte ses habitudes. Alors passer l’étape de la découverte de nos origines respectives, l’objectif principal des parents et du mien est de tout faire pour permettre à l’enfant d’évoluer dans un environnement adapté. Mais je n’hésite jamais à parler de ma culture turque. D’ailleurs je raconte les histoires turques de mon enfance à ces petits naturellement traduit en français. Les enfants aiment beaucoup. C’est une découverte d’une autre culture. Il en est de même sur le plan culinaire. Je fais des repas turques. Et j’estime avoir une petite victoire lorsque les enfants que je garde réclame à leurs parents de la sauce blanche.
Voyez-vous des avantages, ou même des inconvénients, à ce métier ?
Pour moi, il n’y a que des avantages. J’adore ce travail et même si certains jours sont plus difficiles que d’autres, on ne peut pas dire que ce soit un inconvénient.
En étant assistante maternelle, on reçoit beaucoup d’amour de la part des bouts de chou que l’on accueille chez soi. On peut les voir grandir, s’éveiller, évoluer jour après jour. On partage des moments forts et inoubliables avec eux. Je trouve que le fait de travailler avec des enfants est une chance et c’est quelque chose de fabuleux.
Que pensez-vous des parents français ?
Je ne vois aucune différence entre les parents français ou les parents turcs. Tous sont soucieux de leurs enfants. J’ai juste l’impression que les temps sont beaucoup plus difficiles aujourd’hui. Alors si je peux apporter un peu de douceur "à la turque" à ces jeunes enfants, j’estimerai avoir réussi ma mission.
Un dernier mot ?
Les Turcs sont un peuple travailleur et très efficace dans le travail. Pourtant, nous sommes des cibles privilégiées des histoires, qui nous font passer pour quelque peu "demeurés". Mais je refuse d’être une tête de Turc !