Selon vous, il devient de plus en plus difficile en France de devenir français, pourquoi ?

Les Turcs qui demandent à devenir français rencontrent quelques difficultés. Entre la complexité des démarches, les files d’attente, l’autocensure de quelques uns et les stratégies de dissuasion dans certaines régions, il est indéniable que les conditions ne sont pas simples. Aussi, la probabilité de réussir à obtenir une décision favorable de naturalisation dépend fortement de la préfecture et notamment des moyens logistiques et de l’effectif du personnel mis en œuvre par cette dernière pour le traitement des demandes de naturalisation.
Observez un peu ce qui se passe dans votre région, vous risquez d’être surpris. En fait il y a des naturalisations à la carte maintenant !

Vous pensez qu’il y a des directives politiques dans ce domaine ?

Bien sûr. En théorie, la seule condition pour déposer une demande de naturalisation repose sur votre lieu de résidence et la durée de présence sur le territoire national. Aujourd’hui, les temps sont durs et la France a besoin de trouver un certain équilibre entre les demandes des entreprises et les salariés. Tout le monde sait qu’en période de récession, il est plus facile de privilégier une main d’œuvre nationale, et donc française. Ce qui annonce des difficultés pour tous ceux qui ne sont et ne seront pas français.

Constatez-vous des disparités dans l’octroi de la naturalisation en fonction des pays de naissance ?

Il existe bel et bien un réel écart dans les chances de naturalisation pour les Turcs !
Je vous invite à regarder les chiffres de l’INSEE où la probabilité de naturalisation dépend du pays de naissance. Les immigrés originaires de l’Europe de l’Est sont souvent plus naturalisés que les originaires d’Algérie, de Turquie ou du Maroc.

Pour beaucoup, l’acquisition de la nationalité est perçue comme une phase d’intégration, qu’en pensez-vous ?

C’est vrai qu’elle peut être perçue comme une phase d’intégration. Mais pour moi cela ne représente pas une phase d’assimilation. C’est plutôt le désir d’un engagement civique et identitaire. En gros, le fait de devenir français n’est possible qu’à la condition de remplir certaines conditions, de passer par une procédure de sélection pour aboutir à une décision de naturalisation par décret.

Comment cela se passe pour la communauté turque de France ?

Ils ont tous des parcours très intéressants. Mais leur naturalisation dépend de la taille de la communauté dans laquelle ils évoluent. Plus cette dernière est importante, plus ils ont le sentiment de s’auto-suffire. Ainsi un nouvel arrivant a la chance de disposer d’un réseau relationnel conséquent avec une circulation de l’information relative aux démarches et procédures administratives facilitée. Ce qui, en général, suffit pour aider à accéder plus facilement à un logement et à un emploi. Du coup, le fait d’acquérir la nationalité française a une valeur symbolique d’appartenance voulue à la société d’accueil. D’ailleurs ces personnes turques devenues françaises s’attèlent à avoir des activités associatives importantes : leurs objectifs étant de participer activement au développement de la société française.

Pourquoi dites-vous que l’acquisition de la nationalité française a un impact positif sur l’accès aux emplois, en France ?

D’une part, la naturalisation permet d’accéder à des emplois qui peuvent être fermés aux non-français s’il n’y a pas de naturalisation. Je pense notamment aux emplois dans la Fonction publique, mais aussi dans de nombreuses professions libérales ou indépendantes.
D’autre part, je reste persuadé que la naturalisation lève certains obstacles discriminatoires au cours de la procédure de recrutement.

Avez-vous une dernière observation à formuler ?

Je n’ai pas à inviter les Turcs à devenir français.
J’en appelle à leur intelligence.
Pourtant, il est clair qu’aujourd’hui et au vu du contexte économique et politique dans lequel nous évoluons, avoir la nationalité française peut permettre aux Turcs de réduire quelques obstacles notamment discriminatoires qui freinent l’accès à l’emploi.

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