Mahçupyan : La Turquie décidée de jouer en "première division" européenne

La Turquie décidée de jouer en "première division" européenne
La Turquie est "à 100%" décidée à intégrer l’Union européenne (UE) afin de jouer dans "la première division" malgré le coup de froid provoqué par la vague d’arrestation visant des médias d’opposition turcs, a déclaré à l’AFP un conseiller du gouvernement d’Ankara.
Les aspirations turques de rejoindre l’UE ont subi un revers après la rafle policière opérée à la mi-décembre dans les milieux liés au rival politique d’Erdogan, l’imam Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis.
L’enquête a été dénoncée par Bruxelles comme un coup porté à la liberté de la presse en Turquie et la virulente contre-attaque de M. Erdogan a suscité des doutes sur les ambitions du Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir à Ankara, de garder le cap européen.
Etyen Mahcupyan, un intellectuel turco-arménien conseiller en chef du Premier ministre Ahmet Davutoglu, a néanmoins exclu toute déviation.
"L’AKP souhaite absolument, à cent pour cent, adhérer à l’UE et démontrer sa puissance en Europe", a-t-il dit lors d’un entretien.
"Enthousiaste et confiant, Erdogan ne peut pas rêver d’une Turquie qui joue en deuxième division. Il veut jouer dans la première division", a-t-il dit.
M. Mahcupyan a critiqué l"incapacité" de l’Occident à comprendre la guerre menée par le régime islamo-conservateur contre le mouvement Gülen que l’homme fort de Turquie accuse d’avoir orchestré un complot pour le renverser quand il était Premier ministre, de 2003 à 2014. M. Erdogan a été élu président en août.
M. Erdogan n’a de cesse de répéter que les partisans de Fethullah Gülen dans la police et la magistrature sont à l’origine d’un vaste scandale de corruption qui a ciblé sa personne et son entourage politique à l’hiver 2013, promettant d’anéantir ce qu’il appelle l’"Etat parallèle".
Il a jusqu’à présent procédé à des purges dans la fonction publique tandis que la justice turque a émis un mandat d’arrêt contre M. Gülen, 73 ans, qui dirige un mouvement qui a des intérêts dans les médias et les finances.
"Il est très clair que la confrérie Gülen a tenté de renverser le gouvernement", a affirmé M. Mahcupyan, ajoutant que c’était une initiative "avortée".
D’après le conseiller, la mouvance a mis sur pied une "hiérarchie" dans les institutions clés de l’Etat, avec un "groupe de base" de 5.000 à 10.000 personnes - sur trois millions de sympathisants du mouvement - qui a imaginé le "coup d’Etat".
"Pour autant que je peux voir, Tayyip Erdogan et l’AKP tentent d’expliquer cela autant que possible afin de convaincre (la majeure par", dit-il.
Critiqué en Turquie et à l’étranger pour des mesures controversées renforçant son autorité, M. Erdogan a exhorté l’Europe à se "mêler de ses affaires" et ne pas avoir de "leçon de démocratie" à recevoir.
M. Mahcupyan a comparé l’AKP d’Erdogan à une "pendule balançant entre autoritarisme et démocratie", indiquant que le parti avait penché pour des mesures plus autoritaires chaque fois qu’il voyait une menace pour sa survie.