Les relations entre le général Refet Bele et le patriarcat arménien (1922)
"Le général Réfet pacha à Constantinople", Stamboul, :
"LA JOURNEE D’HIER
Ainsi que nous l’avons annoncé, le commissaire extraordinaire de Thrace s’est rencontré hier avec les généraux alliés.
Réfet pacha est passé ensuite à Stamboul, pour faire sa prière du vendredi à la mosquée de Sainte-Sophie, au milieu d’une nombreuse affluence.
Au sortir de la mosquée, il s’est fait photographier en groupe.
A midi, il a déjeuné au Mahfel en compagnie d’officiers de sa suite et de membres du cercle.
Il y a reçu ensuite quelques personnalités, parmi lesquelles le vicaire du patriarcat arménien, accompagné du kapou-kiéhia qui lui a présenté les salutations du patriarche, ainsi que le représentant de l’Eglise d’Anatolie. "
"En Thrace", Stamboul, :
"COMMUNIQUE FRANCAIS
La situation s’est beaucoup améliorée notamment le long de la voie ferrée jusqu’à Ouzoun-Keupru. Le trafic est redevenu normal ; dans les gares il n’y a plus de réfugiés, ni de stock d’approvisionnement ou de céréales. Entre Ouzoun-Keupru et Andrinople, l’évacuation des réfugiés continue avec calme et régularité. A Andrinople aussi la tranquillité est complète.
L’EVACUATION D’ANDRINOPLE
Le délai de l’évacuation d’Andrinople par les troupes grecques, qui devait s’achever le 25 courant, a été reporté au 31.
LES REFUGIES ARMENIENS
Selon les journaux arméniens le gouvernement bulgare n’a encore donné aucune réponse officielle concernant l’admission en Bulgarie des réfugiés arméniens de la Thrace.
Mgr Zaven , patriarche des Arméniens, a eu hier un long entretien à ce sujet avec M. Tahtadjian, ex-représentant du gouvernement d’Erivan.
L’évêque arménien de Thrace , qui était arrivé ici, part demain pour Rodosto où il doit attendre les instructions du patriarcat."
"La Sublime-Porte quartier-général de Réfet pacha", Stamboul, :
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Le patriarche des Arméniens chez Réfet pacha
Au sujet de la visite de Mgr Zaven dont il vient d’être question, le patriarche l’a relatée dans les termes suivants à un envoyé de l’Ikdam :
— Des souhaits de bienvenue avaient déjà été adressés à Réfet pacha an nom de la nation arménienne lors de son entrée à Constantinople. Ma visite d’aujourd’hui est d’un caractère différent. Je suis allé pour exprimer mes félicitations à l’occasion de l’instauration rapide à Constantinople du gouvernement de la G.A.N. de Turquie. Ma visite n’a donc rien d’officiel. A cause d’une légère indisposition, j’avais dû faire parvenir hier à Ismet pacha mes souhaits de bienvenue. Ma visite à Réfet pacha est une visite d’hommages. Je n’ai aucune revendication à lui soumettre. Je suis tout disposé à recevoir ses ordres. Si, plus tard, il surgissait quelque question, évidemment je m’adresserais au général. Aujourd’hui, c’est de Réfet pacha que nous relevons.
Au sujet des rumeurs relatives à un échange de population auquel participeraient les Arméniens, le patriarche a dit qu’il n’avait pas eu à s’occuper d’une pareille éventualité et qu’il n’y avait point lieu de s’en occuper. Lui-même a appris cela par les journaux. L’échange d’éléments concerne seulement les Grecs. Il ne voit pas nécessité d’échanger la population arménienne.
Interrogé sur l’impression produite dans le monde arménien par l’établissement de l’administration de la G.A.N. à Constantinople, Sa Béatitude a déclaré que celui-là n’avait presque pas remarqué de changement. Cette instauration a réjoui tous les éléments autant que les Turcs. Il est naturellement préférable, a-t-elle dit, de vivre sous une administration créée par soi-même en toute indépendance que sous l’autorité d’un homme qu’entourent quelques autres.
La grande Assemblée nationale d’Angora est un gouvernement populaire qui ne peut qu’être bien accueilli par la communauté arménienne.
Notre confrère ayant demandé si la communauté arménienne adhère au gouvernement de la grande Assemblée, le patriarche a répondu :
— C’est précisément dans ce but que je me suis présenté chez Réfet pacha. D’ailleurs le peuple arménien a déjà fait son adhésion avec tous les Turcs au gouvernement d’Angora. Au besoin, je lancerais une encyclique à ce sujet. D’ailleurs en tant que représentant de la communauté arménienne, mon acte de soumission concerne tous les Arméniens."
"Poignée de nouvelles", Stamboul, :
"— Les journaux arméniens enregistrent la satisfaction de Mgr Zaven, patriarche des Arméniens, au sujet de l’accueil qu’il a trouvé auprès du général Réfet pacha."
"La ville", Stamboul, :
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Patriarcat arménien
Le général Réfet pacha a fait parvenir sa carte au patriarche des Arméniens en échange de sa visite.
Une délégation du patriarcat de Coum-Capou s’est rendue samedi à la direction de l’assistance sociale pour présenter ses remerciements pour l’aide accordée aux Arméniens nécessiteux et exprimer son espoir de voir gouvernement d’Angora manifester d’équitables sentiments à l’égard de la communauté.
Le Rénine dit que depuis l’armistice, ce gouvernement a dépensé 1,150,000 livres pour secourir les Arméniens.
Le Kapou-Kiehia du patriarcat a fait une visite à Sadi bey, sous-chef de la police."
"A la Sublime-Porte", Stamboul, :
"REFET PACHA ET LES ARMENIENS
Le Djagadamard écrit que le général Réfet pacha a mandé dimanche, chez lui, le copou-kiéhia du patriarcat arménien, Hamamdjian effendi, avec lequel il a eu un entretien. Il a envoyé un de ses aides-de-camp auprès de Mgr Zaven pour s’excuser de ce que ses nombreuses occupations l’empêchaient de lui rendre personnellement sa visite, promettant de le faire à la prochaine occasion."
"L’affaire du complot", Stamboul, :
"Questionné hier par le Tevhid, le patriarche des Arméniens a déclaré que sa communauté avait été aussi émue que lui de la nouvelle du complot communiquée par l’Agence d’Anatolie. Il s’était empressé d’aller mettre le général Réfet pacha au courant de la réprobation de celle-ci, déclarant que celui qui, dans des moments pareils, aurait recours à une telle tentative serait, non pas un Arménien, mais un fou :
— Nous nous appliquons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous concilier la bienveillance du pouvoir. Néanmoins, je n’ose pas ajouter entièrement foi à la nouvelle. Un seul des conjurés de Vintimile désignés est en effet tachnakiste. Les autres n’appartiennent pas à des comités. Le général Antranik se trouve depuis un an en Amérique.
Le patriarche a ajouté que le châtiment de pareils individus, s’il en était arrêté, remplirait de satisfaction toute la communauté. Il ne croit pas à la possibilité de l’organisation d’un comité arménien à Constantinople. Les Arméniens constantinopolitains entretiennent à l’égard de l’élément turc de véritables sentiments de compatriotes. Il y a lieu, de toute façon, d’oublier le passé et de s’appliquer à faire disparaître la froideur qui pourrait s’être introduite. D’ailleurs, l’infime minorité d’individus affiliés aux partis qui se trouvaient ici ont quitté la ville :
« L’émigration des Arméniens d’Anatolie s’est faite surtout sous la contrainte des Hellènes. De Constantinople, il n’en est parti qu’une quinzaine de milliers et encore par suite de la cherté de la vie, de l’appréhension du service militaire et d’autres causes de ce genre. Je ne suis pas partisan de l’émigration et je ne vois aucun motif pour partir.
C’est aussi pour des causes économiques que les orphelins sont envoyés ailleurs. Les Américains qui les entretiennent préfèrent les emmener ailleurs, et comme nous ne sommes pas à même de nous en charger, nous y consentons.
Toute la nation arménienne est satisfaite du régime administratif de Refet pacha.
Les Arméniens d’Anatolie qui arrivent ici se sont expatriés de leur propre gré et ils se louent des facilités qui leur ont été accordées.
Je ne crois pas que notre gouvernement songe à un échange des Arméniens , car ceux-ci sont des enfants de ce pays et ne pourraient être échangés avec les sujets d’aucun autre. Dans aucun cas les Arméniens de Constantinople ne voudraient pas aller en Caucasie.
Je suis persuadé que la situation regrettable découlant de la guerre ne durera pas longtemps et que les bons rapports seront rétablis. Si du mal a été commis, c’est le fait de quelques aventuriers dont la nation arménienne a eu à souffrir elle-même. » "
Sur Refet Bele : Le général Refet Bele et les Arméniens
Le général Refet Bele et les Grecs
L’américanophilie d’une partie des nationalistes turcs en
Les complots terroristes contre les kémalistes
L’opposition du Parti républicain progressiste (-)
Sur le patriarche Zaven Ier Der Eghiayan : Les relations entre les Jeunes-Turcs et l’Eglise apostolique arménienne
Le , la décision des déportations vers la Syrie-Mésopotamie n’avait pas été prise
Parsegh Haladjian (père de Bedros Haladjian) : la longue vie d’un notable arménien ottoman
Voir également : Les Arméniens d’Ankara pendant la Première Guerre mondiale et après l’armistice de Moudros
Les Arméniens de Konya pendant la Première Guerre mondiale et après l’armistice de Moudros
Le général Kâzım Karabekir et les Arméniens
L’avancée des troupes de Kâzım Karabekir sur Kars et Alexandropol/Gyumri (1920)
Cilicie : une évacuation en bon ordre ()
L’incendie d’Izmir () : la piste gréco-arménienne
Le régime kémaliste et le problème humanitaire des réfugiés arméniens et grecs