Certains n’hésitent pas à l’appeler « la Chine de la Mer Noire ». Toutes proportions gardées, la Turquie est l’une des économies les plus fertiles pour les investisseurs étrangers, devenant elle aussi à la mode. Au premier trimestre 2010, ce pays peuplé de 72 millions d’habitants a bénéficié d’une croissance de son PIB de 11,7 %. Ce chiffre émane de l’Institut de la statistique. Quelques poils de moins que la croissance chinoise à la même époque, de 11,9 %. La Turquie relève ainsi la tête, en beauté, après un déclin de 4,7 % (Au quatrième trimestre, toutefois, la progression avait été de 6 %.)
Les années précédentes, l’avancée du PIB s’était faite au rythme moyen de 5 %.

Comme le relève un spécialiste de ce pays sur son blog, l’ingénieur et consultant Alexandre Goncukliyan, il a suffi de vingt ans pour que la Turquie se métamorphose en une puissance économique mondiale, « passant du stade d’un pays en voie de développement à un pays émergent ».
Pour ce qui est du PIB, la Turquie est désormais la 17 ème économie planétaire. Le gouvernement, à Ankara, n’a eu de cesse de « remettre la maison turque en ordre », cueillant ainsi les fruits d’efforts redoublés. Il s’est attaque à l’inflation, auparavant exubérante, et le système bancaire a été assaini après le séisme financier de 2001.
Et puis, les autorités ont mis en place un outil législatif favorable aux investisseurs étrangers, lesquels ne souffrent d’aucune discrimination trop poussée. « Il faut moins d’une semaine pour ouvrir une entreprise en Turquie », relève-t-on à la Chambre de commerce française à Istanbul. Chargé de mission auprès de cette association, Erol Görücü surfe sur une déferlante d’enthousiasme quand il évoque la conjoncture actuelle. « En quelques jours, nous avons été contactés par six entreprises françaises désireuses d’investir dans ce pays. C’est vous dire si la Turquie attire, surtout au moment où la Chine semble décevoir certains grands groupes qui y font face à des tracasseries administratives. »

EN 1985, IL Y AVAIT A PEINE 15 ENTREPRISES FRANÇAISES

Les Français, parfois si timorés sur certains marchés importants, ont curieusement mis le paquet dans l’ex-empire ottoman. Le Service économique régional d’Ankara, au sein de l’ambassade de France, se félicitait dans un document datant du 20 mai 2010 qu’ « en termes de stocks d’IDE (investissements directs étrangers), la France occupait en 2009 le troisième rang en Turquie, juste derrière les Pays-Bas et l’Autriche. »
Toujours selon le Service économique, « la Turquie représente, pour les IDE français, le 24 ème site d’accueil à l’échelle mondiale ». Il semble que la Saison de la Turquie en France (un éventail de manifestations culturelles et économiques) en 2009 ait contribué à tonifier l’intérêt des entreprises tricolores pour ce pays bigarré, à cheval sur l’Europe et l’Asie : au premier trimestre 2010, l’Hexagone serait devenu le tout premier investisseur sur ce marché.

A la Chambre de commerce française, l’on se fait fort de rappeler qu’en 1985, seules 15 implantations tricolores étaient recensées en Turquie et qu’aujourd’hui on dénombre 320 entreprises d’origine hexagonale ! La Mission économique-Ubifrance affirme que celles-ci comptent au total plus de 70.000 salariés. Les structures de type industriel constituent plus de la moitié de ce bataillon de société française sur le front turc.

L’OFFENSIVE DU GROUPE TARKETT

Parmi les Français qui ont jeté leur dévolu sur la Turquie récemment : le groupe Tarkett, le leader mondial des revêtements de sols souples et surfaces sportives. En novembre 2009, cette entreprise (dont le chiffre d’affaires a atteint 2,1 milliards d’euros l’année précédente) a créé une joint-venture avec Aspen Yap ive Zemen. Il s’agit du premier distributeur de revêtements de sol sur le marché turc.
Le partenariat ainsi noué avec Aspen porte sur l’importation de produits ayant trait aux parquets stratifiés, aux sols résilients, au PVC, vinyle et linoléum, etc. « Pour l’instant, nous ne produisons pas en Turquie, nuance Patrick Mathieu, président pour l’Europe de l’Ouest de Tarkett. Mais un tel investissement (dans un site de production) n’est pas du tout impossible ces prochaines années. »

Voici l’une des raisons qui ont conduit Tarkett à s’ancrer en Turquie : ce pays occupe une position stratégique, appelé à être l’épicentre d’une future zone de libre échange. (ce-jointe, l’interview de cet homme d’affaires.)

Source Usine Nouvelle