Disons de suite qu’une prétendue "situation difficile des juifs de Turquie" est un mythe car, sauf ceux tenant à affirmer leur appartenance à une religion, on ne distingue pas un citoyen turc "juif de Turquie" d’un citoyen turc : il n’existe pas d’"ethnie juif de Turquie". Il y a des turcs musulmans et des turcs juifs et l’antisémitisme "à l’occidentale" n’a jamais existé en Turquie. D’ailleurs, les "juifs turcs" ont souvent été parmis les moins pratiquants et dans ce cas, peut on encore les appeler "juifs".
Il apparait que les extrémistes arméniens, ne parvenant plus à obtenir l’aval des parlements internationaux, pour essayer de freiner la montée en puissance de la Turquie dans le monde, tentent de déstabiliser les rapports Israël/Turquie. Ils réactivent ainsi des "néo-juifs traitres-trahis" : les "juifs de Turquie".
"Selon l’érudit juif turc Rifat Bali, qui a publié plusieurs livres sur l’histoire des Juifs de Turquie, .......« Les Juifs turcs [qui] n’étaient impliqués dans aucune forme de nationalisme ethnique.....adoptèrent donc une attitude anti-sioniste. ». « De même que l’actuelle communauté juive turque, les Juifs de l’empire ottoman furent utilisés comme avocats des objectifs politiques de la Turquie au niveau international. « Haïm Nahum, le dernier grand rabbin ottoman, était anti-sioniste et partisan du mouvement nationaliste turc. » », rappelle Bali. « Il fut envoyé par Mustafa Kémal aux Etats-Unis et en Europe pour faire pression au nom des kémalistes. »
En somme, les extrémistes arméniens stigmatisent des "juifs de Turquie" actuels qui, comme leurs ancêtres sous l’empire Ottoman, seraient "valets des Turcs" : on est pas loin du bon vieil antisémitisme du 19ème siècle et d’avant guerre à l’occidental, qui n’a jamais eu cours ni dans l’emire Ottoman, ni actuellement.
« Lors d’un entretien publié dans l’édition du 10 novembre d’Armenian Weekly, Ron Margulies, militant et poète juif turc, précise : « En Turquie, une expression très commune dit : "Lâche comme un Juif ". Un peu comme " Radin comme un Ecossais" en Grande-Bretagne. » Il ajoute : « [L’] idée que les Juifs s’y connaissent en argent et en finances, qu’ils contrôlent l’Amérique, toutes ces thèses racistes du complot sont aussi très communes en Turquie. Elles sont largement utilisées par des racistes convaincus, mais hélas crues par des gens au-delà de ces milieux, des gens qui ne se considèrent pas comme racistes… Elles font que vous vous sentez différent, et parfois étranger. Je suis né à Istanbul. Et c’est très énervant quand des gens me regardent et montrent qu’ils me considèrent comme un étranger. Mais je m’en fiche. On peut faire avec ! »
Des lieux communs racistes antisémites "banalisés" cachent mal l’objectif sous jacent des extrémistes arméniens : les réactiver en les rappelant.
On reste dans l’habituel antisémitisme populaire truffé de stéréotypes censés s’appliquer "aux juifs" dans leur ensemble, en y englobant pêle mêle différentes personnes censées apartenir à un monde juif qui n’existe pas.