Athée, il avait critiqué certaines « valeurs religieuses » dans des tweets en 2012.
Un tribunal turc a acquitté mercredi le pianiste Fazil Say, accusé d’insulte à l’encontre des valeurs religieuses, mettant ainsi fin à une saga judiciaire de plusieurs années qui a soulevé des inquiétudes pour la libre expression dans le pays.
Fazil Say, 46 ans, instrumentiste ayant accompagné des phalanges de poids mais aussi compositeur volontiers jazz à qui l’on doit notamment une souriante Marche turque déglinguée mais encore une poignée d’œuvres orchestrales, avait été condamné en 2013 à dix mois de prison avec sursis pour une série de commentaires sur Twitter postés en avril 2012.
Athée revendiqué et critique du gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis quatorze ans dans son pays, Fazil Say avait mis en doute l’image répandue du paradis chez les musulmans croyants. « Vous dites que des flots de vin coulent au paradis. Est-ce que le paradis est une taverne ? » ou « vous dites qu’il y a au paradis deux houris [femmes vierges] pour chaque croyant. Est-ce que le paradis est un bordel ? », avait-il écrit en citant des vers d’Omar Khayyam, grand poète persan du XIe siècle.
Dans une apparente pique aux islamo-conservateurs au pouvoir, il avait aussi écrit que « tous les cons, la pègre, les bouffons et les voleurs sont aussi des Allahistes. Est-ce un paradoxe ? ».
La peine avait été confirmée en appel la même année avant d’être annulée en octobre 2015, au nom du droit à la libre expression, par la Cour suprême d’appel qui a renvoyé le procès devant le tribunal d’Istanbul l’ayant condamné en première instance.
Ce tribunal a confirmé ce mercredi la décision de la Cour suprême d’appel en acquittant Fazil Say, rapporte l’agence progouvernementale Anadolu. Ce jugement est définitif.
Source : avec AFP