La Turquie salue les réformes politiques engagées au Maroc et couronnées par l’adoption de la nouvelle Constitution et qui font de ce pays un exemple à suivre dans la région arabe. C’est ce qu’a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmed Davutoglu, à l’issue d’un entretien avec son homologue marocain, Taieb Fassi Fihri.
D’après le chef de la diplomatie turc, les deux pays partageraient les mêmes points de vue en ce qui concerne différents dossiers politiques, mais aussi culturels et éducatifs. « L’histoire des relations politiques entre la Turquie et le Maroc remonte jusqu’au XVIe siècle. Nos deux pays partagent un patrimoine civilisationnel ancestral riche et entretiennent d’excellentes relations au niveau culturel et politique. Nous souhaitons toutefois que les liens politiques soient davantage consolidés à travers un échange de visites », souligne M. Davutoglu.
Le diplomate turc a annoncé dans ce sens avoir examiné avec son homologue marocain les moyens à mobiliser pour développer davantage l’accord de libre-échange conclu entre les deux pays en 2006. « Au cours de ces dix dernières années, des progrès significatifs ont été enregistrés dans nos relations historiques et fraternelles. L’entrée en vigueur en 2006 de l’accord de libre-échange entre nos deux pays constitue d’ailleurs l’un des exemples notables du développement des relations entre la Turquie et le Maroc. On prévoit d’ailleurs que le volume du commerce entre les deux pays atteigne 1,5 milliard de dollars à la fin de cette année », souligne le diplomate turc.
Outre la forte volonté commune affichée par les deux pays de renforcer les relations économiques et politiques, la Turquie et le Maroc tendraient à renforcer aujourd’hui d’autres aspects de la coopération encore moins développés que les autres volets. Il s’agit du tourisme et de l’industrie de la défense. « Les deux Etats souhaitent développer une coopération multidimensionnelle qui devrait être plus étroite, plus institutionnalisée et comprenant un plus grand nombre de secteurs.
Il nous est possible de donner un nouvel élan à notre coopération dans les domaines de l’éducation et de la culture », indique le chef de la diplomatie turc.
Evoquant le dossier syrien, le ministre des Affaires étrangères turc a indiqué que son pays ne pouvait plus ignorer le drame humanitaire qui est en train de se jouer chez son voisin. Le diplomate, qui a condamné « les atrocités » commises par le régime de Bachar El Assad, a appelé le gouvernement à cesser toute brutalité commise à l’encontre du peuple syrien. « J’ai effectué personnellement une visite en Syrie durant le mois de Ramadan et j’ai réalisé que le sang continuait de couler même durant ce mois sacré. La Turquie se joint donc à la Ligue arabe pour appeler la Syrie à stopper cette hémorragie », déclare M. Davutoglu. Le chef de la diplomatie turc a saisi l’occasion pour appeler le gouvernement syrien à être à l’écoute de son peuple, à adopter d’autres approches que celle sécuritaire et de satisfaire les revendications et les attentes formulées par la population syrienne.
Pour sa part, Taieb Fassi Fihri a indiqué que les changements que connaît le monde arabe ont remis sur le tapis la question de la légitimité de certains régimes et la nécessité de l’alternance du pouvoir dans certains pays. D’après lui, la Turquie est appelée dans ce sens à jouer un rôle plus important dans le cadre d’une vision cohérente afin d’être aux côtes des peuples qui aspirent au changement et à la transition démocratique, notamment dans les pays qui se sont montrés sourds aux revendications de la rue. « Nous suivons avec beaucoup d’intérêt les efforts louables menés par la Turquie en harmonie avec la Ligue arabe pour parvenir à l’objectif escompté », a souligné en substance M. Fassi Fihri.
Source : LE MATIN