Laurence Tardy, professeur d’histoire de l’art à l’École du Louvre, explique comment Ingres a réuni dans "Le Bain Turc" tous les nus étudiés dans sa vie de créateur, et dévoile les autres secrets du tableau...
"On a beau me dire : finissez-en donc, allez vite, ne recommencez pas ; si mes ouvrages ont valu et valent quelque chose, c’est parce que j’ai dû vingt fois les remettre sur le métier ; les châtier avec une recherche et une sincérité extrêmes."
1836, Ingres - "Ecrits sur l’Art"
Ingres a réuni dans "Le Bain Turc" tous les nus étudiés dans sa vie de créateur.
Ses lectures lui ont inspirés le sujet, qu’il ne traite pas de façon pittoresque, mais dans la tradition classique : l’Orient y est mythologique.
Le Bain Turc
Jean-Dominique Ingres (1780-1867),
Paris, Musée du Louvre.
Toile marouflée sur bois, H : 1,10 ; L : 1,10.
Surface peinte de 1,08 de diamètre (tondo).
Signé et daté de 1862.
Un rectangle devenu rond
Le tableau, destiné au Prince Napoléon, fut jugé peu convenable... Ingres le transforme alors en "tondo", tableau de forme ronde.
Le corps de la femme à droite, jugé trop lascif, fut escamoté. Le reste de la composition était déjà organisé de façon circulaire : le tondo vient le souligner.
Ingres ajouta une femme se laissant glisser dans son bain ; tandis que la danseuse qui semblait s’appuyer sur le bord du tableau se retrouva liée au groupe des femmes de l’arrière plan.
Notez le plateau de thé : cette nature morte miniature au premier plan donne aux nus un caractère monumental.
La place primordiale du turban
Le turban lumineux et central accroche notre oeil pour ensuite nous inviter dans l’intimité de cet univers clos et secret. Nous découvrons alors les petits groupes de femmes aux attitudes volupteuses, scandés par des figures actives comme la danseuse aux castagnettes.
Les teintes des carnations répondent à l’or du cadre.
Sources : http://www.linternaute.com/sortir/art/bain-turc-ingres/bain-turc-ingres-fg.shtml