Le gouvernement de l’AKP a déposé un texte de loi destiné à renforcer un peu plus ses pouvoirs administratifs de contrôle d’internet, nouvel étape du bras de fer engagé par le régime d’Ankara avec les utilisateurs des réseaux sociaux.
Cette nouvelle disposition autorise l’autorité de régulation des télécommunications (TIB) à interdire, sans décision de justice, l’accès à un site afin de "protéger la sécurité nationale et l’ordre public ou empêcher un crime".
Selon ce texte dont l’AFP a obtenu une copie, le fournisseur d’accès devra exécuter l’ordre de blocage de la TIB, ou retirer le contenu mis en cause, dans les quatre heures.
Le Parlement turc avait déjà adopté en février une loi controversée permettant au pouvoir politique de bloquer un site, mais à la condition d’obtenir confirmation sous deux jours par une décision de justice. Le nouveau texte déposé hier au Parlement permet également à la TIB de surveiller les activités des internautes sur le web et de stocker elle-même, pendant deux ans, toute information utile à ce sujet.
Pour faire taire les accusations de corruption lancées contre lui à la veille des élections municipales de mars, M. Erdogan avait ordonné le blocage de Twitter et YouTube, suscitant un tollé dans l’opposition, la société civile et à l’étranger. Il avait été contraint de le lever quelques semaines plus tard sur ordre de la Cour constitutionnelle.
Dernière mesure en date, la TIB a bloqué samedi l’accès en Turquie à une plateforme de publication qui avait diffusé un magazine suédois dont la couverture reproduisant la photo d’un conseiller de M. Erdogan en train de frapper à terre un manifestant.
Recep Tayyip Erdogan, premier ministre depuis 2003, a été élu président de la Turquie le 10 août dernier, résistant à l’usure du pouvoir, à un mouvement de contestation né sur la place Taksim d’Istanbul à l’été 2013 et à un vaste scandale de corruption impliquant plusieurs de ses ministres. Erdogan affirme que ce scandale, largement relayé sur Internet, est le fruit de la conspiration mûrie par un ancien allié devenu rival, l’imam Fethullah Gülen, installé aux États-Unis. "Aujourd’hui naît une Turquie nouvelle", a lancé à la fin août le nouveau chef de l’État, issu du conservatisme islamique.
Source : avec AFP et Reuters