Le secrétaire général de l’Otan, M. Rasmussen, s’est rendu en Turquie afin d’essayer de débloquer la situation qui entrave depuis longtemps les coopérations Otan-UE, pénalisant grandement les deux organisations.

La Turquie est membre de l’Otan mais non de l’UE, et Chypre appartient à l’Union européenne mais pas à l’Otan. Bloquant les liens entre les deux organisations, le couple turco-chypriote a été au centre des discussions qui se sont récemment déroulées à Ankara où le Secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, s’était rendu. Lors de cette rencontre avec des dirigeants turcs, le conflit de Chypre a longuement été évoqué puisqu’il s’agit de l’obstacle majeur à la bonne coopération entre l’Otan et l’UE. Ces deux organisations subissent en effet les droits de veto de la Turquie, pour l’Otan, et de Chypre, pour l’UE. Les difficultés liées au différend turco-grec sur la question chypriote rendent depuis des années toute coopération formelle entre les deux organisations très difficile. D’un côté, la Grèce et Chypre s’opposent à toute participation d’Ankara au développement de la politique européenne de sécurité et de défense (PESD), de l’autre la Turquie refuse que Chypre-sud (partie grecque) participe aux missions de la PESD mettant en jeu le renseignement et les ressources de l’Otan. « Nous sommes prêts à travailler avec le Secrétaire général à une solution qui dissiperait les inquiétudes de la Turquie », a cependant déclaré le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, lors de sa rencontre avec M. Rasmussen. Pays qui assume le commandement des forces de l’Otan en Afghanistan depuis novembre 2009, la Turquie a décidé de prolonger d’un an son commandement la semaine dernière.

La solution de l’Otan

Pour sortir de l’impasse où les droits de veto turc et chypriote ont plongé les deux organisations, M. Rasmussen a énoncé ses idées à plusieurs reprises. L’UE, a-t-il estimé, devrait inclure les pays non-membres comme la Turquie dans les délibérations sur ses opérations extérieures, en particulier en Bosnie où le contingent turc est le deuxième en importance. Ensuite, toujours selon M. Rasmussen, l’UE devrait passer un « accord de sécurité » avec la Turquie. Enfin, elle devrait accorder à la Turquie le même statut d’invité que la Norvège - autre pays de l’Otan non membre de l’UE - auprès de l’Agence européenne de défense (EDA). C’est à ces conditions, semble tabler M. Rasmussen, qu’Ankara en retour consentirait à admettre que Chypre siège aux réunions UE-Otan, sans qu’il y ait besoin de lever deux préalables ultra-sensibles : la reconnaissance officielle de Chypre par la Turquie et l’adhésion de celle-ci à l’UE. En septembre, le Secrétaire général M. Rasmussen s’était montré optimiste, quant aux chances d’améliorer les relations entre l’Alliance et l’Union européenne, d’ici au sommet des 28 alliés prévu en novembre à Lisbonne.

Source Zaman France