Les récentes déclarations du ministre en charge des Bulgares de l’étranger, Bojidar Dimitrov, avaient commencé à envenimer les relations. Ce dernier menaçait la Turquie d’user du droit de véto de la Bulgarie, membre de l’UE depuis le 1er janvier 2007, pour s’opposer à la candidature turque au cas où ce pays ne satisferait aux réclamations financières bulgares.

La Bulgarie réclame en effet des compensations financières à la Turquie à titre de réparation après l’expulsion de la Thrace orientale de 250 000 réfugiés suite aux guerres balkaniques qui avaient enflammé l’Empire ottoman en 1912. A la base du litige, un accord sur la valeur des propriétés et des biens perdus qui aurait été signé par les deux parties, mais qui n’est jamais entré en application. La valeur de ces biens serait passée, selon la Bulgarie, à 10 milliards de dollars en 1983 et est estimée aujourd’hui à 14 milliards d’euros.

La Bulgarie entend ainsi monnayer l’entrée de la Turquie et cède à la surenchère car comme l’a déclaré récemment Bojidar Dimitrov, la Turquie en a les moyens : la Turquie peut payer : après tout, n’est-ce pas la seizième économie mondiale ! Et quand elle rejoindra l’UE, elle sera encore plus puissante parce que de nombreuses taxes et impôts indirects seront supprimés.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, souligne n’avoir reçu aucune demande officielle de réparation de la part de Sofia. Il rappelle par ailleurs qu’une telle demande oublie les deux millions de Turcs qui ont fui la Bulgarie pour aller se réfugier en Turquie. Elle brouille par ailleurs les relations entre les deux pays qui étaient plutôt bonnes jusqu’à cet événement. Face à l’ampleur du scandale provoqué par sa déclaration, Dimitrov s’est excusé pour avoir soutenu une position personnelle : J’ai mal compris. J’ai fait une erreur. La position officielle de notre ministère des Affaires étrangères est plus juste.

Les réclamations du ministre ne reflétait en effet ni la position officielle du gouvernement, ni celle du parlement. Les rapports ne sont cependant pas revenus à la normal et la tension est montée d’un cran suite à la volonté de supprimer le bulletin d’information diffusé en turc par la chaîne étatique bulgare BNT. Connu pour ses positions racistes et ultranationaliste, le leader du parti nationaliste Ataka, Volen Siderov, a déclaré qu’il y ait ou non un référendum, le bulletin d’information en turc sera supprimé.

L’interdiction des 10 min quotidienne de langue turque à l’antenne est un vieux cheval de guerre du parti qui fait campagne depuis près de 10 ans afin d’obtenir sa suppression. Les deux affaires ne manqueront pas d’être abordées lors de la prochaine visite du Premier ministre bulgare, Boiko Borissov, prévue en Turquie entre les mois de janvier et février.

Source : Zaman