A l’occasion de son 80e anniversaire, l’Institut français d’études anatoliennes démarre une nouvelle politique éditoriale. Ce centre de recherche inaugure également un nouveau prix, destiné à récompenser des thèses de doctorat soutenues en Turquie. Deux initiatives qui témoignent du dynamisme de cet institut qui contribue à développer les liens scientifiques entre la France et la Turquie depuis des décennies.
L’Institut français d’études anatoliennes, situé dans la rue Nuru Ziya du quartier Beyoglu, fête le 80e anniversaire de sa création à Istanbul. Pour célébrer son anniversaire, cette année, l’Institut a décidé d’offrir des opportunités non seulement aux chercheurs français, mais aussi aux étudiants turcs. L’IFEA proposait aux étudiants turcs des bourses et des stages à court terme, il prévoit aujourd’hui d’attribuer le titre de « meilleure thèse » à deux doctorats réalisés dans des universités turques dans le domaine de l’archéologie et des sciences sociales. Le prix prévoit également de publier les travaux récompensés. L’Institut, qui dépend du ministère des Affaires étrangères français, fait partie des établissements qui viennent directement à l’esprit lorsque l’on parle de Turquie en France. Il est considéré comme l’un des meilleurs dans les domaines de l’archéologie et des sciences sociales, et a formé d’importants turcologues européens. L’académicienne Nora Seni, née à Istanbul, à été nommée il y a deux ans par le gouvernement français à la direction de l’Institut. Maître de conférences en urbanisme à l’Université Paris VIII, Nora Seni a publié de nombreux livres en turc tels que ***Les Camondos***, ***Une saison à Constantinople*** ou encore ***Si je t’oublie Istanbu***l. Le professeur Seni définit sa mission, ainsi que celle de l’Institut, en termes de développement des réseaux scientifiques entre les établissements et les chercheurs de France et de Turquie. « Nous élargissons nos relations avec les chercheurs et les université d’ici, et travaillons ensemble. Nous montons des projets de recherche avec les universités, et organisons des conférences. La mission de ce lieu est d’exister en plein milieu de la ville en fonctionnant scientifiquement au sein des débats et de l’actualité ».
Une bibliothèque de 30.000 ouvrages
L’IFEA fut fondé en 1930 dans le but de créer une infrastructure pouvant recevoir les archéologues français en Turquie. Principalement créé en tant qu’Institut d’archéologie, il a par la suite étendu ses activités à l’histoire et à l’urbanisme. Outre l’archéologie, les axes des recherches sont actuellement les études urbaines, l’histoire, la politique et l’anthropologie. Quinze chercheurs, généralement spécialistes de l’Empire ottoman ou de la Turquie, et envoyés par le ministère des Affaires étrangères français, travaillent dans ces domaines. Le professeur Seni souligne que l’Institut ne traite pas l’histoire ou encore la politique de la France, mais qu’il effectue des études sur la Turquie. « Chacun est le bienvenu », dit N. Seni en ajoutant : « Nous avons une bibliothèque de 30.000 ouvrages, disponibles sans rendez-vous, chacun peut profiter de cette bibliothèque. Nous avons des séminaires et des conférences ouverts à tout public. Là encore, nos spécialistes peuvent apporter leurs conseils aux chercheurs ». La bibliothèque de l’Institut de compte pas que des ouvrages en français ou en anglais, il y a également beaucoup de livres en turc. Le catalogue de la bibliothèque est d’ailleurs accessible depuis son site internet (http://www.ifea-istanbul.net). D’autre part, l’Institut possède également une magnifique cartothèque (collection de cartes géographiques). Enfin, l’Institut inaugure une nouvelle politique éditoriale s’associant avec les maisons d’édition Kitap Yayinevi et Isis Yayinevi pour la publication d’ouvrages scientifiques émanant des recherches de l’IFEA.
Des débats sur l’urbanisme et le patrimoine d’Istanbul
Le Professeur Seni ne manque pas de préciser que l’IFEA est une bonne plateforme d’accueil pour les académiciens et les étudiants. « Ici, nous avons des experts qui peuvent apporter leur soutien aux jeunes chercheurs, ceux-ci ont la possibilité de profiter pleinement de ces opportunités », ajoute-t-elle. L’IFEA donne des bourses de doctorat qui étaient destinées auparavant aux étudiants des universités françaises. Aujourd’hui, les bourses sont également attribuées aux projets des étudiants de la Turquie. Dès cette année, deux thèses de doctorat des universités turques vont être récompensées et publiées. L’Institut organise régulièrement des séminaires et des conférences ouverts à tout public, des personnalités importantes aussi bien turques qu’étrangères y participent, tels que Ahmet Insel, Ismail Kara ou bien encore Bayram Balci. Les vidéos de ces conférences sont ensuite mises en ligne sur le site internet. Des documentaires sont également projetés au sein de l’IFEA. D’après le professeur Seni, l’IFEA est l’un des quatre piliers de « l’économie culturelle et du patrimoine d’Istanbul », en ce qui concerne l’urbanisme dans le cadre du projet Istanbul Capitale Européenne de la Culture 2010. Les débats au sujet des projets urbains et architecturaux du Grand Paris, qui occupe la une de l’actualité politique de Paris, vont continuer à Istanbul. De grands architectes tels que Jean Nouvel, Christian de Portzamparc, ou Antoine Grumbach vont ainsi être invités à l’Institut.
Source Zaman France