CHARLEVILLE-MEZIERES (Ardennes). L’entraîneur des U19 du Charleville Franco-Turc revient sur le match qui a dégénéré entre Rocroi et Châlons. Il propose des pistes pour en finir avec la violence dans le foot.
FABIO SATALINO et les moins de 19 ans du club Franco-Turc (200 licenciés) évoluent dans le même groupe de Promotion d’honneur que l’Entente Rocroi-Maubert et l’AS Marocains de Châlons. Le club joue et s’entraîne à la Ronde-Couture. Le coach donne son point de vue sur les événements récents.
Que vous inspire l’issue très violente du match de samedi contre l’AS Marocains de Châlons ?
« C’est un problème qu’on constate de plus en plus : pour certains jeunes en manque de testostérone, le terrain n’est plus qu’un défouloir qui permet de faire le coq devant les copains. Il y a plus d’incidents qu’avant. Cela montre le profond malaise qu’il y a aujourd’hui chez les jeunes. »
Avez-vous vécu ce genre de situations avec votre club ?
« Non, pas depuis mon arrivée il y a deux ans. On a d’ailleurs joué contre les Marocains de Châlons et, malgré la « galerie » (les supporters un peu remuants, NDLR), ça s’est plutôt bien passé. Cela dit, nous n’irons pas jouer le match retour là-bas. La sécurité de mes joueurs passe avant tout. Ce qui est arrivé au club de Rocroi est trop grave. »
Quelles sont les valeurs que vous inculquez à vos joueurs ?
« Le respect de l’adversaire et de l’arbitre, ce sont les fondamentaux. Cela paie puisqu’on a reçu l’an passé le Trophée du Fair-play, comme le club de Rocroi l’avait reçu avant nous. Je crois qu’il faut travailler avec les jeunes dès leur plus jeune âge. Avec les adultes, souvent, c’est déjà trop tard. »
« Il faut poursuivre les violents en justice »
Quelles solutions préconisez-vous pour ramener le calme dans le foot amateur ?
« Primo, il faudrait plus de journées à thème autour de la non-violence. Il y en a parfois chez les pros, mais pas chez les amateurs, alors que c’est là qu’il y a le plus de joueurs et de problèmes.
Ensuite, je pense qu’il faut mieux former les arbitres et les entraîneurs à la violence sur les terrains. On voit encore trop d’arbitres, comme à Châlons, qui laissent se poursuivre des matches alors que ça dégénère ou que la « galerie » est carrément sur le terrain !
Enfin, il faut absolument que la Ligue travaille de concert avec la justice. Actuellement, c’est la Commission de discipline de la Ligue qui sanctionne. Ceux qui causent les problèmes s’en fichent. Pour mieux protéger le monde du foot, il faut poursuivre les violents en justice. »
Le problème du racisme est également inquiétant. Les dérives se multiplient depuis samedi…
« Sur le blog du club*, on a reçu de nombreux commentaires, où j’ai remarqué aussi des dérapages racistes. On en fait une histoire de races et ça révèle bien le malaise qu’il y a en France. Certains croient que c’est parce que ce sont des Marocains que ça a fini comme ça. C’est triste… Le foot est un sport de masse et ce n’est pas un monde à part : il reflète le monde tel qu’il est, et la société telle qu’elle évolue. »
N’y a-t-il pas un problème d’intégration dans le nom même des clubs ?
« Avec le « Franco-Turc », on joue l’ouverture. On a environ un tiers de Turcs, un tiers de Français et un tiers d’Européens. C’est d’ailleurs cette variété qui fait que nous avons de bons résultats. Le club des « Marocains » est moins ouvert. Enfin, il faut rappeler que tous les joueurs dont on parle sont français ! »
Propos recueillis par Guillaume LÉVY