"La Constitution arménienne ne contient pas de revendications territoriales sur la Turquie", c’est ce qu’a prétendu Ruben Safrastian, directeur du très officiel Institut des Etudes orientales de l’Académie nationale des Sciences d’Arménie. Cette déclaration se voulait être une réponse hâtive aux propos de l’ambassadeur turc en Russie.
L’ambassadeur turc Kurtulus Tachkent avait rappelé mardi que Erevan devrait abandonner ses revendications territoriales et sa politique expansionniste (cf. invasion de l’Azerbaïdjan) si elle désire mettre en place des relations diplomatiques avec la Turquie.
"La déclaration du diplomate n’est pas nouvelle (...). Cependant, le problème c’est qu’il n’y a pas de revendication territoriale vis-à-vis de la Turquie ni dans la Déclaration d’indépendance, ni dans la Constitution de l’Arménie", a prétendu Safrastian dans une interview au News Arménia.
Or la Déclaration d’indépendance de l’Arménie stipule que l’Arménie doit poursuivre ses efforts en vue de faire reconnaître à des états tiers un "génocide" arménien en faisant référence aux affrontement inter-ethniques turco-arméniens qui se sont produits en Anatolie entre 1914 et 1922. Cette même déclaration fait référence à l’Anatolie, région orientale de la Turquie, comme étant "l’Arménie occidentale".
La propagande arménienne et les milieux politiques nient depuis une vingtaine d’années ces revendications territoriales, tout comme elles nient l’invasion de l’Azerbaïdjan [1] qu’elles appellent une "libération" de ces terres... Les justifications désespérées de Safrastian ne changent donc rien à la politique expansionniste et ultra-nationalistes de l’Arménie, qui se sont intensifiées depuis l’élection de Robert Kotcharian.
La Turquie montre depuis de nombreuses années ses bonnes intentions vis-à-vis de l’Arménie en faisant des propositions visant à améliorer les relations diplomatiques pour le moment inexistantes. Elle a ouvert un couloir aérien pour l’aviation civile arménienne, malgré la fermeture de la frontière suite à l’invasion par l’Arménie, du voisin commun, l’Azerbaïdjan.
En outre, la Turquie a plusieurs fois proposé à l’Arménie de débattre ensemble du contentieux historique turco-arménien que l’Arménie préfère porter dans les hémicycles de pays tiers où elle dispose de puissants lobbies. La Turquie s’est par ailleurs engagée à accepter les conclusions d’une commission mixte d’historiens, quelles qu’elles soient. Mais l’Arménie a toujours refusé une telle initiative, ne voulant pas mettre en péril plus de 50 ans de lobbying intensif et couteux mené auprès des opinions publiques et des élus politiques aux Etats-Unis et dans les pays européens.