ATATÜRK par Ayten AKGÜRBÜZ

Histoire

L'émigration des Arméniens de Thrace orientale (1922)

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L'émigration des Arméniens de Thrace orientale (1922)

"La rétrocession de la Thrace", Stamboul, 18 octobre 1922 :

"INFORMATIONS DU Q.-G. ALLIE

Le commandant italien mande que les régiments grecs de Tcherkeskeuy se concentrent en vue de l’évacuation immédiate de la région, qui demeure calme.

Le 15, un rapport grec annonçait qu’une troupe ennemie de 10 hommes avait attaqué le poste grec sur la voie du chemin de fer entre Kirka et Keussé-Mesdjid, deux stations se trouvant à mi-chemin entre Férédjik et Gumuldjins.

Les rapports aériens annoncent que trois fermes grecques situées entre Lulé-Bourgas et Tchorlou sont en feu.

Hier, la commission qui délimitait la ligne neutre d’Ismid a terminé ses travaux et l’accord a été signé à Chilé.

D’après nos renseignements personnels les villageois grecs qui évacuent les diverses régions de la Thrace en emportant leurs bêtes et leurs biens meubles, incendient, la plupart du temps, eux-mêmes leurs demeures, après les avoir quittées. Il semble que la plus grande partie de la population grecque projette de s’expatrier.

LES EFFECTIFS ALLIES

Tous les jours partent maintenant des trains emmenant les contingents alliés allant prendre en Thrace les positions qui leur ont été assignées.

Ces opérations s’effectuent avec la régularité eu quelque sorte mathématique que les états-majors sont parvenus à réaliser à la suite de la longue expérience de la guerre.

C’est avec une satisfaction non dissimulée que les journaux turcs enregistrent le départ, qui a eu lieu hier, du bataillon français qui est chargé de tenir garnison à Andrinople, en attendant la remise de cette ville aux commissaires anatoliens. Cette unité doit être présentement parvenue à destination, elle a dû occuper Andrinople, ce matin même, vers 11 heures.

Les détachements anglais occupent déjà la zone au nord de l’isthme de Boulaïr que nous avons indiquée.

Les troupes grecques ont évacué la partie du pays où les Italiens et les Anglais devaient s’installer. Souvent, ceux-ci ont précédé de plusieurs heures le départ des Hellènes. Les troupes se retirent à pied. Des trains en nombre restreint sont mis à la disposition des populations. Dans certaines villes, les fonctionnaires civils grecs suivent l’armée.

Les commissions de contrôle continuent à remplir leur devoir.

La misère des Grecs et des Arméniens de la Thrace est grande. Ils se dirigent vers Salonique , Dédéaghadj et la Bulgarie.

Kirk-Kilissé et Lulé-Bourgas vont être évacués.

De nouveaux wagons ont été affectés au transport de troupes helléniques en Macédoine, la Grèce ayant consenti à verser à la compagnie sa dette de 700.000 livres turques.

Rodosto aurait été choisi par les Hellènes comme base d’évacuation. L’ensemble des transports mouillés devant ce port représenterait un tonnage de 100.000 tonneaux. Les prisonniers turcs travaillent au chargement.

LES GENDARMES ANATOLIENS

Le Gul-Nihal de Séfaïne est parti hier pour Ismid afin d’y embarquer les gendarmes anatoliens désignés pour le maintien de l’ordre en Thrace.

Le commissaire général Réfet pacha est attendu demain.

L’EVACUATION

Sauf l’arrêt temporaire déjà annoncé, à cause de l’insuffisance des moyens de transport, on ne signale pas d’autre incident que celui qui s’est produit à Tchanta, où une bagarre provoquée par une contestation au sujet de la répartition du numéraire du tronc de l’église fit, dit-on, près de quatre-vingts blessés.

Le général en chef Nieder a informé Athènes que, du fait de ces moyens de transport, l’évacuation ne pourrait pas avoir été complétée à la date fixée, demandant une prolongation.

LES REFUGIES

Athènes, 17 — Le ministre de la prévoyance, M. Doxiadis, a décidé de commander en Amérique 10.000 habitations démontables destinées à la création de deux villes en Thrace Occidentale et pouvant abriter de 70 à 100.000 réfugiés.

(Néologos)

LES ALLIES

Le nombre des commissions alliées en Thrace s’occupant du transfert aux Turcs de l’administration grecque est de neuf. Les forces alliées se montent à huit ou neuf bataillons.

(Leafield)"

A. Benaroya, "Vers Andrinople", Stamboul, 20 octobre 1922 :

"[De notre envoyé spécial]

Gare de Mouradli, 19 octobre.

Depuis Sirkédji jusqu’à Sinékli, station terminus de la zone neutre, toutes les gares ont été pavoisées aux couleurs turques. Quelques-unes, les plus importantes, ont élevé des arcs de triomphe. Le long de la ligne l’on ne remarque plus, comme il y a deux mois, le va et vient de troupes alliées. Presque toutes les gares sont dégarnies de leurs anciens effectifs.

A Sinékli, on procède encore, comme hier, aux formalités des frontières : visas de passeports, visite douanière comme si l’on entrait en territoire étranger. La ligne de démarcation franchie, on aperçoit les blockhaus grecs, veufs de leurs occupants, entourés de fils barbelés, avec leurs postes d’observation, les tentes de branchages dépouillées de leurs toiles. On vient de m’affirmer que les derniers postes dans la zone de Kadikeuy, au sud de Tchataldja, ont été évacués par les Hellènes.

Nous voilà donc roulant à travers un territoire neutre, sans autorités définies, ayant vu partir son maître d’hier et attendant celui de demain.

A Tcherkeskeuy, ancien siège du quartier-général Grec, les Italiens assurent depuis quatre jours le maintien de l’ordre. Plus un seul grec, m’a-t-on dit, sauf quelques employés de la gare. Le premier drapeau ottoman a été planté ici par un négociant turc en charbon qui a, le premier, franchi la ligne de démarcation. On voit à la gare quelques villageois musulmans accourus des environs, coiffés d’un fez aux contours indécis on d’un kulah. Un garde-frein quelque peu lettré leur explique les gravures et leur lit les nouvelles d’un journal turc de la capitale.

Nous voici à Tchorlou exactement à mi-chemin d’Andrinople. La gare est pleine de soldats grecs, halés par le soleil, à l’air résigné, sans armes et silencieux. Des patrouilles grecques, baïonnettes au canon, circulent le long du train, dernier vestige de l’autorité militaire hellénique. Un officier parcourt les wagons et contrôle les pièces d’identité. Comme effectifs interalliés il n’y a encore que cinq soldats anglais, cinq français et cinq italiens en attendant l’arrivée des effectifs.

Ici commence le spectacle navrant de l’exode.

Des familles grecques et arméniennes assises à l’ombre du tas formé par leur mobilier eu adossées à des piles de sacs de céréales — leur fortune portative — attendent leur tour pour partir. A mesure que l’on se rapproche d’Andrinople, la foule des émigrants s’accroît et le spectacle devient plus navrant."

"Poignée de nouvelles", Stamboul, 24 octobre 1922 :

"— Mardi, un convoi de 3000 réfugiés arméniens de Thrace a pénétré en Bulgarie."

A. Benaroya, "Lettre d’Andrinople", Stamboul, 26 octobre 1922 :

"[De notre envoyé spécial]

Andrinople, 20 octobre 1922

La seconde partie de mon voyage, de Mouradli à Andrinople, s’est effectuée surtout nuitamment. A Mouradli, la foule des partants était encore plus compacte et plus navrante qu’à Tchorlou. J’ai vu des groupes de femmes arméniennes devisant tristement en attendant leur tour de partir.

« Il y a quatre jours, me dit l’une d’elles, que nous attendons le moment du départ. Nous venons de Rodosto et nous nous rendons en Bulgarie. Nous avons abandonné biens et maisons pour fuir vers des pays inconnus. On nous a dit que nous devions quitter la ville dans les quinze jours, et nous voilà traînant dans cette gare. Chacun s’occupe des siens et nous les Arméniens nous sommes laissés ainsi à notre propre sort. »

Les pauvres femmes avaient les larmes aux yeux en me parlant. A Lulé-Bourgas, nous entrons déjà dans la « zone française ». Les gares sont toujours jonchées de meubles. Des femmes, des vieillards, des enfants forment une cohue des plus pitoyables. Heureux ceux qui peuvent trouver une place dans les wagons G — 8 hommes 40 chevaux — ou sur les toitures !

On m’a rapporté que beaucoup d’enfants ont roulé des bras de leurs parents, que le sommeil avait terrassés, et sont tombés pendant que le train était en marche. Je n’essaierai pas de vous décrire tout le spectacle qui s’offrait le long du trajet — spectacle que la nuit rendait plus sinistre encore.

Notre train s’allongeait à chaque gare d’un ou deux wagons de fugitifs. Ce n’est qu’à Couléli, point de bifurcation, que tout ce monde a été débarqué, et que le train se trouva ainsi décongestionné. C’est de cette station que part la ligne transversale menant en Thrace occidentale, à Démotica, Soufoulou et Dédéagatch.

Nous voilà enfin à Andrinople-station, c’est-à-dire à Kara Aghatch ; il est trois heures du matin. Pas une seule voiture pour nous conduire en ville. Les cochers, en général musulmans, n’ont plus leurs voitures ou s’abstiennent de circuler la nuit de crainte de réquisition. Force nous est de franchir à pied, le cantinier du bataillon français et moi, les deux kilomètres et demi qui nous séparent de la ville.

Le long de la large chaussée c’est une interminable théorie de chariots de paysans traînés par des bœufs, véhicules rudimentaires et moyenâgeux au grincement énervant. Ces paysans forment toutefois la classe la moins malheureuse des émigrants, puisqu’ils peuvent transporter leurs pénates par leurs propres moyens. Ils viennent, disent-ils, des hameaux environnant et se dirigent vers la vieille Grèce.

La population grecque de la ville a déjà expédié tous ses meubles au dehors et attend la première occasion pour partir. Toutes les grandes artères sont occupées par des chariots chargés se dirigeant vers la gare. Le 4me corps d’armée active la concentration et se prépare à évacuer la région. Les autorités civiles demeurent. Les fonctionnaires grecs ont reçu des ordres formels de ne point abandonner leur poste avant le 15 novembre, sous peine de se voir traduits par devant la cour martiale.

L’ARRIVEE DES FRANCAIS

Le bataillon français a fait son entrée dans la ville hier vers 9 h. du matin. La population non-grecque a poussé un soupir de soulagement et son angoisse d’il y a quelques jours s’est presque complètement dissipée. Les musulmans se félicitaient entre eux comme s’ils venaient d’échapper à un grand danger et les fez ont fait leur apparition. Les contingents français ont établi leurs quartiers à l’école Harbié ; des gendarmes bleu-horizon commencent à circuler dans la ville.

La tranquillité règne partout, on ne signale que quelques petits incidents qu’on peut classer dans la catégorie des faits divers.

Cependant, la mission de contrôle est saisie d’une foule d’enquêtes qui lui sont adressées des alentours. Les villageois musulmans se plaignent généralement de ce que les fugitifs ravissent en passant leur bétail.

L’Echo d’Andrinople et le Téémin (turc) qui étaient à la solde des fonds secrets de l’administration hellénique ont disparu avec leurs propriétaires. L’archevêque Polycarpos, le métropolite d’Andrinople, s’est transféré à Kara-Aghatch."

"En Thrace", Stamboul, 27 octobre 1922 :

"L’EXODE

Andrinople, 26. — L’émigration des Grecs de la région continue mais avec moins d’intensité. Nombre d’habitants grecs avaient cependant décidé de demeurer. Mais les journaux de Constantinople ayant apporté une nouvelle d’après laquelle les Grecs et les Arméniens de la Thrace seraient envoyés dans les camps de prisonniers en Anatolie, ceux qui manifestaient pareille velléité durent se résoudre à partir. La commission de contrôle continue à déployer tous ses efforts pour rassurer les non-musulmans et les engager à rester. Andrinople ne compte plus que sept ou huit familles arméniennes. Toutes les autres sont parties pour la Bulgarie, d’où elles étaient revenues sous le régime grec [les Arméniens du vilayet d’Edirne ont été exemptés de déportation en 1915 , dans leur grande majorité].

Andrinople, 26. — Les derniers effectifs hellènes ont quitté aujourd’hui la région de Kirk-Klissé, se dirigeant vers Andrinople.

Dimanche, toute la zone d’Andrinople aura été évacuée par le IVe corps sous les ordres du général Léonardopoulos. Les autorités grecques demeureront vraisemblablement jusqu’au 15 novembre, soutenues par les contingents français.

Benaroya.

(...)

A PROPOS DE BANDES

Andrinople, 26. — On a fait courir dans la ville certains bruits alarmants au sujet de l’apparition de bandes que les uns disent turques et les autres bulgares. Renseignements pris auprès des autorités compétentes, il s’agit de villageois caucasiens , en s’en allant, ont raflé les biens des musulmans. Ceux-ci, qui s’étaient réfugiés dans les montagnes, sont revenus en groupe et les ont attaqués pour reprendre leurs biens. Il ne s’agit point à proprement parler de bandes et encore mais de comitadjis bulgares.

INFORMATIONS DU Q.-G. A.

Une brigade de pompiers a été formée et mise à la disposition de l’autorité turque à Tchorlou. Malgara a été évacué par les Grecs. Rien à signaler dans la zone française. A Rodosto toutes les archives manquent. Le préfet grec informe qu’elles ont été envoyées à Dédéagatch. Il s’est engagé à en obtenir copie et à les rapporter, notamment toutes les pièces et registres ayant rapport à la propriété immobilière et aux biens meubles, non seulement de la période d’occupation grecque mais aussi de la période turque.

Un officier, sept sous-officiers et 19 marins grecs demeurent pour aider à l’évacuation le long du littoral des réfugiés qui s’embarqueront en même temps que la gendarmerie grecque. Le lieutenant grec avec soixante de ses hommes qui étaient à Rodorto sont également partis."

A. Benaroya, "Lettre d’Andrinople, Stamboul, 27 octobre 1922 :

"[De notre envoyé spécial]

Andrinople, 24 octobre 1922

L’évacuation de l’armée hellénique de Thrace se poursuit normalement. On espère que ces opérations se seront terminées avant le délai fixé par la convention. Les Hellènes exécutent loyalement les dispositions qui leur ont été imposées. Toute l’artillerie du corps d’Andrinople soit seize batteries a été déjà expédiés en Grèce. On voit actuellement les gros canons venant de l’Est de la zone, de Kirk-Klissé. Ce qui rend le spectacle émouvant, c’est l’exode en masse de la population rurale chrétienne qui quitte maison et champs et se dirige en files ininterrompues vers la Thrace occidentale. On a eu beau leur donner des assurances que le nouvel occupant ne leur fera aucun mal, Grecs et Arméniens, les uns poussés par la peur, les autres cédant aux exhortations ou arrachés de leurs foyers par des agents trop zélés , chargent sur des chariots empruntés ou souvent séquestrés aux Turcs et suivent l’armée dans sa retraite.

« C’est un grand malheur pour ces gens qui ne veulent pas comprendre les périls de l’exil, me disait ce matin un membre de la mission interalliée de contrôle siégeant à Andrinople. Ce sont des proies certaines pour toutes sortes d’épidémies. Les souffrances et la misère qui les guetteront dans les contrées où ils vont chercher asile, sont bien plus grandes que celles qu’ils craignent de subir sons la domination des Turcs en mettant les choses au pire. De cet exode, il ne sortira rien de bon. » Je crois bien que mon interlocuteur avait parfaitement raison.

LA SECURITE EN VILLE

Je vous ai dit dans ma précédente correspondance, que l’arrivée des contingents français a suffi à calmer les esprits. Toutefois, en attendant le départ des troupes grecques, ce sont les autorités civiles helléniques avec leur police qui assurent encore le maintien de l’ordre. Les Français n’interviennent pas encore d’une façon directe dans les services de sécurité. Leur rôle consiste présentement à prêter main forte en cas de troubles ou en cas d’incendie [en raison de la surveillance étroite des forces de l’Entente, l’armée grecque n’a pu procéder à des incendies systématiques dans sa retraite : contrairement à ce qui s’est passé en Anatolie occidentale ]. On signale dans les quartiers musulmans des scènes de violence. Des soldats grecs en rupture de ban s’introduisent dans des maisons de musulmans et se livrent à des actes odieux. La mission interalliée, saisie de ces faits, fait maintenant circuler des patrouilles françaises montées. Les habitants rentrent de bonne heure chez eux et s’abstiennent de circuler la nuit. La ville à la tombée de la nuit revêt aussi un aspect des plus mornes qui contraste avec l’animation du jour.

LA PRESSE

Si aucun journal d’Europe ou de Constantinople n’a accès en Thrace, il y a, par contre, pas mal de journalistes étrangers qui sont venus assister à ce triste et immense exode. Je puis me vanter d’être le seul journaliste de Constantinople qui ait pu parvenir en Thrace. Tous mes confrères ont dû rebrousser chemin à Tcherkeskeuy. Les journaux locaux sauf le Tachydromos, ayant arrêté leur publication, on se jette avidement sur les journaux de Salonique qui vous donnent des nouvelles alambiquées. On est ici totalement dans l’ignorance de ce qui se passe en Europe.

Le Tachydromos fulmine contre les Israélites qu’il qualifie d’une foule d’épithètes insultantes.

LES ISRAELITES

La situation des Israélites est fort embarrassante. Achètent-ils quelque chose aux partants ? on les accuse d’être des exploiteurs. Refusent-ils d’acheter ? Ils veulent que les biens des Grecs aillent aux Turcs.

LA MISSION DE CONTROLE

La mission de contrôle interalliée présidée par le colonel Ducasse siège dans un pavillon à l’entrée du palais du gouvernement (ancien Pacha-Capoussi). Sa tâche est écrasante en même temps que fort délicate est parvenue à prévenir tout incident grave. Les excès qui ont été signalés dans les alentours n’ont jamais pris le caractère d’une bagarre. La police hellénique fait aussi de son mieux pour circonscrire les rixes inévitables entre les ravisseurs et la victime. La population non-turque compte avec une impatience compréhensible les jours qui la séparent du moment où les contingents alliés prendront entre leurs mains les services publics pour les transférer aux Turcs."

"De-ci de-là", Stamboul, 7 novembre 1922 :

"MIGRATIONS

Des siècles et des siècles durant, les plaines de la Thrace virent, à intervalles régulièrement espacés, les populations, fuyant les invasions, se rabattre vers Constantinople à l’approche de l’ennemi : grecques sous l’Empire grec, turques sons l’empire turc. Pour ces dernières, ce fut le cas en 1828 et en 1922, et la collection de l’Illustration renferme toute une série de photos qui montrent sous leur aspect navrant ces spectacles de désolation.

Or, voici que le courant vient de changer de direction : il est devenu remontant. Maintenant, c’est du sud au nord que se porte le flot des émigrants. Ils fuyaient autrefois la Bulgarie : ils s’y portent maintenant.

Et le ministre de l’intérieur de Bulgarie a dit à l’Echo leur composition : Grecs et Arméniens de la Thrace orientale, Turcs de la Thrace occidentale. A tous la Bulgarie s’est montrée et se montre accueillante. Aux 500.000 immigrés précédents, viennent s’ajouter maintenant les 20.000 du mois dernier, parmi lesquels quantité d’Arméniens d’Anatolie.

Les Arméniens de Bulgarie se sont mis à constituer des organismes de secours pour aider leurs compatriotes."

"Les chrétiens de Thrace", Stamboul, 16 novembre 1922 :

"Chakir bey, gouverneur-général d’Andrinople, est arrivé hier en notre ville pour recevoir certaines instructions de Réfet pacha. Chakir bey a déclaré à une feuille turque que dans les villages, on ne rencontre plus que des musulmans.

Dans les villes, il a trouvé un certain nombre de non-musulmans. Leur nombre est supérieur à Kirk-Klissé et à Rodosto. Partout, en Thrace, la population juive exprime ses sentiments de reconnaissance. Les Grecs et les Arméniens demeurés en Thrace manifestaient au début quelque appréhension, mais ayant constaté l’équité de la nouvelle administration, ils se sont rassurés et ont commencé à vaquer à leurs affaires.

A la suite de cette situation, a ajouté Chakir bey, des Grecs et des Arméniens emmenés par les Hellènes expriment maintenant le désir de rentrer dans leurs foyers. "

Agos (torchon arménocentriste , pro-Akçam et pro-ASALA ) a reconnu qu’il y avait encore une présence (ténue mais réelle) d’Arméniens à Edirne, jusqu’aux années 70.

Précisément l’époque où le climat de violences politiques (entre extrême gauche stalinienne et extrême droite nationaliste principalement), et ses conséquences délétères pour la vie économique, ont poussé des milliers d’Arméniens, de Grecs et de Juifs (et évidemment des musulmans) à émigrer à l’étranger.

Informations complémentaires : L’émigration des Grecs de Thrace orientale (1922)

Le général Refet Bele et les Grecs

Le général Refet Bele et les Arméniens

Les relations entre le général Refet Bele et le patriarcat arménien (1922)

Sur l’histoire des divers chrétiens de la Thrace orientale : Empire ottoman : le rôle des Grecs et Arméniens dans la prostitution (féminine et masculine)

La position équivoque des Arméniens, notamment dachnaks, durant les Guerres balkaniques (1912-1913)

Guerres balkaniques (1912-1913) : les exactions bulgares contre les populations juives

1914 : l’émigration des Grecs de Thrace orientale et d’Anatolie occidentale

Ottomanisme jeune-turc : l’intégration de divers chrétiens européens (slaves, valaques, albanais) dans les forces armées ottomanes

"Génocide arménien" : les élites arméniennes d’Istanbul (après la descente de police du 24 avril) et les Arméniens d’Anatolie exemptés de déportation

Voir également : Les Arméniens d’Ankara pendant la Première Guerre mondiale et après l’armistice de Moudros

Les Arméniens de Konya pendant la Première Guerre mondiale et après l’armistice de Moudros

L’avancée des troupes de Kâzım Karabekir sur Kars et Alexandropol/Gyumri (1920)

Le général Kâzım Karabekir et le Saint-Siège : la question des catholiques dans l’est de la Turquie (1920-1921)

Cilicie : une évacuation en bon ordre (1921)

L’Anatolie occidentale sous occupation grecque (1919-1922) : les exactions gréco-arméniennes contre les populations musulmanes

L’incendie d’Izmir (1922) : la piste gréco-arménienne

Le régime kémaliste et le problème humanitaire des réfugiés arméniens et grecs

Un choix du nationalisme kémaliste : conserver les populations arméniennes encore présentes sur le territoire turc

"La Turquie aux Turcs" ? Le retour "triomphal" d’Agop Martayan en Turquie (1932)


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